Parentalité, Adoption

Un grand nombre de gens estiment que l'idéal pour un enfant, c'est d'être entouré d'un père et d'une mère. A vrai dire, je ne sais pas si il y en a d'autres pour contester cela. Il est bien entendu qu'on exclut de cette affirmation, les parents qui abusent (sexuellement ou autrement) de leurs enfants. Disons que l'idéal pour un enfant est d'avoir un "bon" père et une "bonne" mère (ça me rappelle le sud !), plutôt que deux "bonnes" mères ou que deux "bons " pères. Ou que d'un "bon" père ou que d'une "bonne" mère. Je mets "bon" entre guillemets car il faudrait définir ce qu'on entend par bon parent, et chacun pourra en avoir une définition différente.

Il me semble inutile de parler de la parentalité biologique. Lorsqu'un homosexuel est le père biologique de son enfant (par exemple par un premier mariage avant qu'il ne découvre ou accepte son homosexualité), peu de gens songent encore, aujourd'hui à lui en interdire toute visite sous prétexte de son orientation. Si le père ne présente aucun obstacle majeur, ce serait nier le fait qu'il est bon pour un enfant d'être entouré de son père et de sa mère.

Là où le bât blesse dans le raisonnement des farouches adversaires à la parentalité homosexuelle, c'est qu'en France, les célibataires peuvent adopter. La chose est difficile, j'en conviens, mais elle n'est pas interdite. L'argument de l'idéal parental ne tombe pas pour autant, seulement personne n'a ouvert la bouche lorsqu'une telle possibilité a été offerte par la loi. L'homophobie se révèle donc bien être la véritable motivation de ceux qui s'opposent à la parentalité homosexuelle aujourd'hui.

Le bon sens indique qu'il est meilleur pour un enfant d'avoir deux parents, plutôt qu'un seul. De ce fait, si la parentalité est accessible à un célibataire, elle doit l'être également à un couple homosexuel.

La vérité est qu'il est particulièrement difficile à un célibataire d'adopter. Mais cela devient impossible, dans les faits, s'il ne cache pas son homosexualité. Il est pour moi parfaitement juste qu'il soit difficile d'adopter et que l'administration prenne toutes les garanties possibles pour donner les parents les meilleurs à des enfants orphelins donc fragilisés. Et l'administration doit effectuer les mêmes sévères contrôles avec les homosexuels qu'avec les hétérosexuels pour le bien être de l'enfant, mais l'homosexualité ne peut plus être un critère de discrimination. Les homosexuels ne sont ni fous, ni méchants, ni dangereux.

Cependant, je pense que la loi doit rester contraignante en permettant aux couples homosexuels d'adopter. Il me semble juste que le mariage offre une meilleure garantie d'engagement des conjoints l'un envers l'autre, et qu'ainsi l'enfant y sera en plus grande sécurité affective. Deux personnes s'étant engagés pleinement l'un envers l'autre peuvent être crédités d'un amour plus sûr que deux personnes qui choisissent une union plus libre. Le PaCS peut être rompu de manière unilatérale, sans avoir à formuler de raison particulière (contrairement au mariage, même si c'est de moins en moins vrai). Donc il représente un engagement, certes, mais plus limité. Ainsi, il me semble que trois possibilités s'offrent pour autoriser l'adoption aux homosexuels :
- Soit il est possible, dans le PaCS, de rédiger - puisque c'est un contrat - une clause obligeant l'accord mutuel pour la rupture, auquel cas, si les PaCSés la rédigent dans leur contrat, ils doivent pouvoir adopter, (je vais me renseigner très vite auprès d'un notaire),
- Soit la loi sur le PaCS est modifiée pour permettre cette clause plus engageante,
- Soit le mariage est ouvert aux homosexuels.

Un autre argument avancé un peu imprudemment est qu'un enfant élevé par un homosexuel risque de devenir homosexuel à son tour ! Quelle erreur : l'homosexualité ne s'attrape pas, ni par contagion, ni par persuasion, ni pas accoutumance. Or un certain nombre de personnes pensent encore qu'il faut diaboliser l'homosexualité pour que les adolescents la refoulent au plus profond et deviennent (ou demeurent ?) hétérosexuels. Plusieurs études ont montré le contraire. Les enfants de pères qui ont révélé et vécu au grand jour leur homosexualité ne sont pas plus souvent homosexuels que les enfants d'hétérosexuels. Au contraire, le pourcentage d'enfants homosexuels obtenu est légèrement plus faible lorsqu'un parent est homosexuel que lorsque les deux sont hétérosexuels (cependant cette différence n'est peut être pas significative car elle est faible).

Un dernier argument avancé est que l'enfant risque de souffrir de la moquerie de ses camarades s'il a deux pères ou deux mères au lieu d'un père et d'une mère. Cela est vrai et cela pose un problème certain. D'autant plus que l'homophobie est loin d'être éradiquée. C'est pour cela qu'à mon avis le PaCS est une étape importante. Le débat politique de 1999 a déjà permis de parler largement du sujet et d'ouvrir de nombreux esprits. Cela va continuer et peu à peu les homosexuels seront moins méconsidérés et cela se répercutera au niveau des enfants par l'intermédiaire des parents qui souvent connaîtront un ou plusieurs couples d'homosexuels. C'est pour ça que je pense qu'il faut encore un peu de temps pour le rendre possible mais que cela sera nécessairement fait. Quand tel sera le cas, les enfants souffriront certes peut-être encore de la relative marginalité de leur situation, tout comme les enfants des premiers divorcés ont souffert.

Un jour peut-être verra-t-on sur nos écrans, en réponse au film "Génial ! Mes parents divorcent", le film "Extra ! J'ai deux mamans/papas)" ?

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