Livre d'Or - Merci de laisser un message

Laissez-moi donc un message sur ce livre d'Or (sous forme de commentaire, voir ci-dessous), ça m'encourage à continuer ! Merci.

Merci à celles et à ceux qui l'ont déjà fait.

D'abord un petit mot personnel du créateur de ce site

Il y a des homosexuel-le-s (et peut-être des hétérosexuel-le-s) que ce site déprime. Il y a des homos, femmes ou hommes, (et sans doute des hétéros) qui estiment qu'ils-elles n'ont pas à apporter la moindre justification à leur façon d'être (heureux-se).

Ils-elles ont raison. Le simple fait qu'être homosexuel-le n'est pas plus un choix qu'être hétérosexuel-le valide cette pensée. Cependant j'admire leur force de caractère.

Si j'ai réalisé ce site, c'est parce que personnellement je n'ai pas réussi à vivre pleinement sans avoir démonté un à un les propos qui m'ont été tenus. Je n'ai pas réussi à être heureux avant d'avoir cessé de croire aux justifications données au rejet de l'homosexualité. Et j'ai perdu des années à encaisser des paroles qui me paraissaient implacables et qui faisaient de mes sentiments une sorte de honte.

Ce site s'adresse donc plus particulièrement aux jeunes, à ceux qui vont probablement rencontrer encore un bout de temps les mêmes reproches. Ce site est là pour les aider à distinguer le "certainement faux" du reste (le reste pouvant être faux aussi…). Si quelques un-e-s, jeunes ou moins jeunes, se sentent mieux après avoir lu ces lignes, alors ce site est totalement justifié à mes yeux.

Mais je présente tout de même mes excuses à celles et ceux à qui ce site a donné le cafard !

Hugo.

PS : désormais vous pouvez laisser des commentaires sur les articles. N'hésitez pas à y laisser une contribution ! (Je modèrerai tout abus.)

Avouer

On ne dit pas avouer mais REVELER son homosexualité. C'est essentiel.

Vie privée, provocation, militantisme

Combien de fois a-t-on entendu le discours pseudo-ouvert que la sexualité est de l'ordre de la vie privée et qu'elle ne doit pas être étalée et que donc les homosexuels ont tort de s'afficher comme tels car les hétérosexuels ne le font (soi-disant) pas ?

Ce discours est insuffisamment réfléchi (s'il est de bonne foi).

D'abord, si on ne parle pas de la sexualité des hétéros, c'est évidemment parce qu'elle est la sexualité majoritaire et, de fait, présupposée pour tout un chacun. Si la société toute entière changeait sa mentalité pour ne plus imaginer, quand on parle de son conjoint ou de son ami (l'éventuel "e" étant muet), que cet autre est du sexe opposé, ok, on pourra dire qu'on ne parle plus de l'hétérosexualité et on pourra ne plus parler de l'homosexualité. Mais on en est loin : il va falloir modifier tous les imprimés administratifs…

En réalité, ce jour ne viendra pas, car qui voudra occulter de parler de ses enfants, de son attirance vers tel acteur ou actrice, ou tel genre d'homme ou tel genre de femme (sans parler des discours plus triviaux qui sont légions…) ? Quel genre de rapport et d'échange vont avoir les gens s'ils doivent absolument taire tout ce qui leur donne de la joie ? Puisqu'on refuse le mariage aux homosexuels, si quelqu'un parle de son mariage il montre automatiquement son hétérosexualité. Seul le PaCS permet effectivement de respecter cette partie de la vie privée.

Notre orientation sexuelle n'est pas plus privée que cela sauf, peut-être, pour ceux qui ne parlent jamais d'eux dans leurs milieux (professionnel, associatif ou autres). Mais la réalité c'est que peu de gens souhaitent totalement taire ce qu'ils vivent. Beaucoup sont fiers de pouvoir écrire sur leur CV qu'ils sont mariés, beaucoup sont heureux d'avoir des photos de leurs enfants sur leur bureau, ou leurs dessins au mur. Je défends cette envie, elle est légitime et, personnellement, je ne suis pas partisan de la totale séparation vie privée-vie profesionnelle (cette séparation me semble froide, et l'environnement professionnel désincarné).

Parler de sa vie c'est légitime et pas vraiment contestable. Mais si c'est un gay ou -pire parfois - une lesbienne qui exprime son orientation, on lui reproche parfois d'imposer ses choix. Pense-t-on que les homos doivent rester honteux et caché-e-s ?

Je me souviens d'une camarade qui m'a reproché d'avoir fait mon coming out devant 30 personnes de ma promo en école d'informatique, car elle trouvait que je n'avais pas à lui imposer cela. On était en cours de communication, on était censés se présenter, un par un, sur l'estrade. Oui il y avait dans mon initiative une part de défi ! Mais si je dois me présenter, n'est-ce pas un élément essentiel de ce que je suis ? Pour moi si ! Se présenter, est-ce ne parler que de ses hobbies ? L'année suivante, cette fille claironnait son mariage, toute fière…

Ne soyons donc pas choqués par deux hommes qui s'embrassent ou se donnent la main dans la rue, au supermarché ou dans le métro. Compte-tenu, encore aujourd'hui, du cran qu'il faut pour le faire, c'est encore plus beau que quand c'est un homme et une femme.

Education, Tabou

Beaucoup de parents entendent taire autant que possible l'existence de l'homosexualité avec leurs enfants (même si c'est de moins en moins possible aujourd'hui). L'idée, avouée ou non avouée, est qu'en n'en parlant pas, ils évitent de faire germer en eux l'idée de pouvoir "choisir" cette voie. Et dans le cas où ce désir germe malgré tout, la pression doit être suffisamment forte pour que les enfants refoulent au mieux ce désir.

Ces parents songent donc que la lutte contre sa propre homosexualité doit se faire coûte que coûte et en solitaire, c'est à dire sans pouvoir en parler à ses parents.

Ce choix n'est pas motivé par le raisonnement mais par la peur. Il contient plusieurs erreurs.

Supposons, pour raisonner à partir des hypothèses de départ de ces parents, que l'orientation sexuelle est "éduquable".

La première erreur, c'est que même avec un tabou total sur le sujet, l'homosexualité existe. Les tristes années du XXe siècle ont été celle d'une répression accrue de l'homosexualité et donc une époque de honte et de peur (pensons à Oscar Wilde, condamné aux travaux forcés et décédé peu après sa libération, pensons aux homosexuels déportés, pensons à la loi française de 1969 faisant de l'homosexualité un "fléau social" avant qu'une loi de 1981 la dépénalise). Les homosexuels n'ont pourtant jamais disparu. Cela signifie-t-il autre chose que l'homosexualité ne s'attrape pas par contact avec d'autres homosexuels ni par connaissance du sujet ?

La deuxième faille dans ce raisonnement, c'est que ces parents pensent que l'homosexualité peut-être refoulée par un combat intérieur mené au bon moment. En supposant que cela est juste, on constate que ces parents préfèrent faire un total tabou du sujet et découvrir donc l'homosexualité de leur enfant que lorsque celui-ci décide de faire son coming-out et qu'il est alors bien trop tard pour essayer d'en parler. Si l'enfant décide de parler à ses parents de son homosexualité alors que ceux-ci ont toujours mis à l'index les homosexuels soit par leur silence, soit par leur rejet, cela signifie que le jeune est sûr de son homosexualité. Il est bien évident que s'il doute de ses propres désirs, il ne va pas aller les claironner à des personnes qu'il aime et qui pourraient le rejeter s'il leur révellait cette hypothèse. Un coming-out, les parents doivent s'en convaincre, n'est jamais fait à la légère. Souvent les parents espèrent (et parfois expriment à leur enfant) que l'homosexualité n'est peut-être juste qu'un passage. C'est humain de le penser, mais il ne faut pas trop espérer si c'est l'enfant qui a pris son courage à deux mains pour le réveller.

Enfin, et c'est là que réside la plus dangereuse faille, les parents décidant d'éluder totalement le sujet devant vos enfants, mettent la vie de leurs jeunes en péril. L'homosexualité non acceptée représenterait la première cause de suicide chez les jeunes (et le suicide est avec les accidents de la route la première cause de mortalité chez les jeunes).

Plutôt que de se dire sans fin que son enfant ne sera pas homosexuel et qu'en parler est de ce fait, superflu, pourquoi ne pas ouvrir le dialogue sur le sujet avec vos enfants pour les amener à parler de ce désir s'ils le partagent et pouvoir trouver un soutien psychologique et peut-être inverser la balance (je suis toujours dans l'hypothèse que ces tendances peuvent "s'éduquer"). Est-ce que ce dialogue, peu à peu, ne vaut pas mieux que de courrir le risque que son jeune saute devant un RER, avale un tube de médicaments, au autres atrocités ? La dialogue, la connaissance profonde et en toute confiance de son enfant ne vaut-elle pas mieux que découvrir brutalement, du jour au lendemain, que son enfant n'est pas comme tout le monde, qu'on est passé à côté de lui ou d'elle, qu'il faut - le cas échéant - faire le deuil de toute la vie hétérosexuelle qu'on a pu lui imaginer ?

Il est nécessaire d'abordez ces questions avec les enfants. Je suggère de leur dire que le désir le plus commun et le plus simple est le désir que deux personnes de sexe opposés ont l'un pour l'autre, que c'est aussi la voie qui conduit le plus naturellement (si ce mot reste contestable, les autres le sont encore plus) vers les joies de la parentalité. Mais je vous suggère aussi de laisser un place dans votre discours à d'autres personnes, à deux hommes ou deux femmes qui s'aiment, qui ne partagent pas le désir pour l'autre sexe et que si leur voie est plus difficile puisqu'elle implique une relative marginalité et parfois quelques soucis, elle peut aussi rendre heureux, notamment par la liberté qu'elle offre.

Le jour où l'homosexualité sera totalement acceptée sera le jour où les parents ne feront plus grand cas de l'homosexualité de leur(s) enfant(s).

Suicide, Malheur

La difficulté à assumer son homosexualité est la première cause de suicide des jeunes.

De nombreuses études ont comparé les proportions de suicides entre les populations hétérosexuelles et homosexuelles. L'une d'entre elle, menée au Canada, a estimé 13 fois plus importante la quantité de jeunes homosexuels ayant songé au suicide ou étant passé à l'acte par rapport à la population hétérosexuelle du même age. Une autre, menée au Royaume Uni, parle d'une proportion de 25. Ces chiffres doivent être pris avec précaution et peuvent être utilisés contre l'homosexualité par ceux qui estiment qu'il est juste de lutter contre l'homosexualité puisqu'elle rend malheureux.

D'accord avec eux dans la mesure où ils font tout, d'un côté comme de l'autre, pour que les gens soient le moins malheureux possible. C'est à dire d'un côté lutter contre l'homophobie et ouvrir les même droits aux homosexuels qu'aux hétérosexuels, et de l'autre, trouver des solutions pour diminuer la proportion de "nouveaux homosexuels", sans pression sur les autres. C'est à cette seule condition que peut paraître honnête la volonté d'abaisser la proportion d'homosexuels. La vérité sur ce sujet est bien différente : ceux qui affirment agir contre l'homosexualité uniquement pour le bonheur de tous sont bien souvent moins humanistes qu'ils n'espèrent le faire croire.

Sodom-i-t-e

Le mot a été détourné de la bible dans laquelle Dieu condamne sans appel tous les habitants de la ville de Sodome, car il n'y a pas un seul juste parmi eux. Le crime commis par les habitants de Sodome est d'avoir voulu violer les voyageurs qui passent par Sodome. Pour cela, ils tentent de forcer la porte d'un citadin qui a accueilli les voyageurs mais comme ils n'y arrivent pas, ils demandent à l'hôte de leur ouvrir la porte pour qu'ils puissent "abuser d'eux".










Ainsi, le crime de Sodome est-il le viol, l'abus de l'autre. Il y avait bien, à Sodome, des habitants, hommes et femmes, et des étrangers, hommes ou femmes, étaient violés quand ils traversaient la ville.

Le mot de "sodomie" apparaît particulièrement mal choisi pour indiquer la pénétration annale qu'il est censé définir. Les homosexuels, contrairement à l'amalgame arrangeant que font bon nombre d'homophobes, ne peuvent être désignés comme les coupables bibliques du crime que Dieu a puni. Il faut savoir différencier viol et homosexualité.

Saints

Il y en a peut-être d'autres, mais parlons simplement de deux "Saints" dont les propos apparaissent particulièrement curieux.

Thomas d'Aquin a déclaré qu'une nation devait édicter ses lois pour le bien de la majorité. Y-a-t-il là quelque chose de condamnable ? Tout dépend de la manière dont on interprète ces propos.

Si l'on pense que Thomas d'Aquin entendait par là que la loi devait prendre en compte le bien du plus grand nombre, le maximum de gens et lui donner un cadre, alors tout paraît relativement beau et respectable (et le PaCS rentre tout à fait dans cette vision) à moins de ne supporter aucun cadre.

Si on pense en revanche, comme quelqu'un de "pieux" - mais non religieux - me l'a expliqué, que Thomas d'Aquin entendait par là qu'il fallait édicter des lois collant aux besoins de la part majoritaire du peuple, alors je ne comprends pas comment un tel personnage a pu être canonisé ! Car la conséquence, moins sainte, de son propos est ni plus ni moins que les premiers seront les premiers (la loi est faite pour eux) et que les derniers demeureront les derniers (ils n'entrent pas dans le cadre de la loi). Il me semble avoir lu dans les écritures que le Christ déclarait exactement l'inverse.

Paul, de son côté, déclare la chose suivante : "Ni impudiques, ni idolâtres, ni adultères, ni dépravés, ni gens de moeurs infâmes, ni voleurs, ni cupides, pas plus qu'ivrognes, insulteurs ou rapaces n'hériteront du Royaume de Dieu.

Il existe une autre version, peut-être une autre traduction, de ce texte qui remplace les gens de moeurs infâmes par les homosexuels, et une autre par efféminés... Voilà bien trois choses fort différentes, pourtant. Ne connaissant pas le texte originel, mais sachant que le mot "homosexuel" ne date que du siècle dernier, il est évident que ce n'est pas ce mot là qui a été utilisé par Paul.

On ne peut que s'étonner que les efféminés soient ainsi condamnés : jamais on n'a vu dans aucune écriture la moindre condamnation pour apparence. Si tel était le sens de ce que voulait dire Paul, son discours ferait horreur aujourd'hui.

Imaginons que les gens de moeurs infâmes soient bien les homosexuels. Il est remarquable que ce texte catégorise et condamne des populations sans autre forme de procès. Dans la bible, aussi bien dans l'Ancien Testament que dans la vie de Jésus, il n'est question nulle part de condamnation directe de catégories de personnes. Il est toujours question de péchés pouvant, certes, caractériser certains groupes mais en aucun cas un groupe n'est désigné par son péché proprement dit. Cela revient à résumer une personne à son péché, sans tenir compte des autres éléments de sa personnalité. Il apparaît aussi aujourd'hui fort malheureux de réduire une personne, quelle qu'elle soit, à son erreur, quelle qu'elle soit.

Je m'étonne enfin de voir associées des catégories si différentes et qui pour certaines, n'ont jamais été ainsi stigmatisées par les textes bibliques. Ainsi des ivrognes, des insulteurs ! Quelle surprise que les ivrognes soient mis dans le même sac que les idolâtres et les adultères ! Quelle surprise de voir les insulteurs rendus au niveau des voleurs ! Et Paul lui même n'insulte-t-il pas en appelant certaines personnes des " rapaces ". (Faut-il forcément qu'il y ait grossièreté pour qu'il y ait insulte ? Evidemment non, alors Paul ne rentre-t-il pas parmi les gens qu'il condamne ?).

Attention à ne pas se méprendre, mon intention n'est pas de défendre tel ou tel comportement (quoique...), mais de critiquer leur juxtaposition dans un discours d'un lyrisme emporté qui apparaît bien peu saint.

Religions

Je m'étonne que la dureté des religions d'origine biblique (quelles qu'elles soient) par rapport à l'homosexualité s'appuie sur très peu de textes, sur aussi peu de contenu.

Si on observe que le passage sur Sodome ne concerne pas véritablement les homosexuels, que le passage sur les interdits sexuels n'a pas l'air de relever d'une origine divine, que les propos de quelques "Saints" n'ont pas grand chose de chrétien ni même de biblique et enfin qu'il est fait bien peu cas des histoires d'amour homosexuelles relatées dans la bible (comme celle de David (celui qui est devenu par la suite le grand Roi David) et Jonathan, fils du roi Saül ou celle de Ruth et Noémie), on peut s'interroger sur la profondeur de l'étude portée sur la bible et sur la rapidité des conclusions romaines à ce propos.

Et je me permets donc de m'interroger sur la validité historique de cette rigueur.

Il me semble nécessaire de rappeler aussi certains faits historiques qui permettent de douter des affirmations religieuses de tout poil. L'église Catholique a mis 400 ans à reconnaître que la terre était ronde malgré les preuves apportées par Galilée. Elle a soutenu pendant plus longtemps encore que les noirs n'avaient pas d'âme, ni d'ailleurs les femmes auxquelles elle ne donne pas toutes leurs places au sein du clergé, et, plus récemment, elle a été impliquée dans l'holocauste organisé par les Nazis. L'Eglise protestante aussi, par le biais même de son fondateur à violemment condamné les juifs lorsque ceux-ci ont refusé de se convertir. Comment, dès lors, tout accepter d'une doctrine sans garder pour soi une certaine liberté de penser ?

Rejet de la norme

L'homosexualité serait une manière de rejeter la norme. Selon les personnes, il semble qu'il y ait un peu de vrai ou que ce soit totalement faux.

Ce qu'on peut remarquer à la lumière de l'actualité des années 1999-2000, c'est que les homosexuels, dans l'ensemble, souhaitent un cadre à leur union. Les mauvaises langues disent qu'ils souhaitaient des avantages et puis c'est tout. C'est faux puisqu'ils ont rejeté un cadre spécifique à l'homosexualité et qu'ils auraient tout simplement préféré l'ouverture du mariage à leur amour. C'est le cas également de bon nombre d'hétérosexuels mais cette demande était peut-être trop brutale pour une société qui évolue forcément comme les mentalités, c'est à dire en douceur. Ceci prouve bien que les homosexuels ne veulent pas être "à part" mais bien "dans", c'est à dire qu'il ne rejettent pas la norme existante, mais bien au contraire qu'ils veulent l'intégrer. Il faudrait aussi s'interroger pour savoir si ce n'est pas plus l'homophobe qui rejette le hors norme que l'homosexuel qui rejette la norme. Je pense à l'expression : "pas de ça chez nous" que j'ai bien souvent entendu, et que je trouve assez éloquente de ce point de vue.

Il y a tout de même du vrai dans cette affirmation. Je pense cependant que le rejet vient d'une part de ceux qui de toute façon ont un regard critique sur la société (n'est-ce pas indispensable ?) et il en existe heureusement aussi chez les hétérosexuels. Peu de gens s'accordent à dire, de toute manière, que la société actuelle est parfaite et qu'il n'y a rien à changer. D'autre part, et surtout, le rejet provient de celui que les homosexuels eux-mêmes ont rencontré et qui se sont construit une protection somme toute assez logique (quoique pas forcément bénéfique à long terme) contre l'ordre établi.

Qu'il y ait en proportion plus d'homosexuels parmi les personnalités critiquant la réalité actuelle que d'hétérosexuels est probable et ce n'est guère une surprise. Ce sont toujours les personnes en marge qui perçoivent directement les inégalités puisqu'elles leurs sont opposées de front. Comme toute les minorités, les homosexuels stigmatisent avec une meilleure acuité les incohérences de la société et des lois.

Narcissisme

1 - Narcissisme physique, de l'homosexuel masculin envers lui-même :

(Comme on ne reproche pas à une lesbienne de faire attention à son physique, puisque c'est un trait accepté chez la femme, ce paragraphe ne parle que de l'homosexuel masculin.)

L'homosexuel n'est pas plus narcissique que la femme. Il ne fait pas plus attention à son physique qu'elle. Qu'on estime que ce n'est pas un trait masculin que de faire attention à son physique est déjà quelque chose de hautement discutable, mais qu'on lui reproche d'être narcissique dénote un manque d'objectivité certain.

L'homosexuel soigneux de sa personne n'est probablement pas qu'un cliché, mais il est évident que l'on remarque les homosexuels "apprêtés" justement parce qu'ils le sont et qu'on ne voit pas les autres, justement parce qu'ils sont "passe-partout". On aurait ainsi tord, comme pour tout, de généraliser.

Les hétérosexuels soucieux de leur apparence existent, et de plus en plus; les plus machos ayant commencé bien avant les homosexuels à se dessiner un corps (body-building). Ce qui peut expliquer, au moins en partie, la plus grande attention des homosexuels à leur "look", c'est probablement d'une part leur besoin de séduction, qui est naturellement d'autant plus grand que les personnes à séduire sont plus rares, (lire la très intéressante étude d'André Gide dans Corydon) et d'autre part la part de sensibilité qui est en eux qui développe leur soucis du détail. Cette sensibilité est soit plus développée à l'origine, soit intégrée à partir de l'instant où l'homosexuel assume son état, soit développée par l'homosexuel lorsqu'il reproduit, consciemment ou non, les habitudes de ceux qu'il côtoie (mais alors on rentre dans le casse-tête de l'oeuf et de la poule : il a fallu un premier !). Il est probable que d'une manière générale l'homosexuel qui ne s'assume pas fasse moins attention à sa personne que l'homosexuel s'assumant. Cette différence s'explique pas qu'à cause du besoin de séduction de ce dernier mais s'explique aussi par le fait que l'homosexuel s'assumant a déjà commencé à prendre soin de lui en s'acceptant tel qu'il est. Tout n'est peut-être finalement que le fruit de l'attention qu'on se porte à soi-même.

2 - Le narcissisme de la relation homosexuelle :

L'homosexualité est-elle elle-même narcissique dans son essence ? C'est à dire qu'elle exclurait l'amour des autres, de l'autre, du différent de soi pour ne se concentrer que sur soi-même ? Comme-ci, à partir du moment où deux personnes possèdent le même appareil génital, il n'existerait plus de différences entre ces personnes... ou même plus de différences fondamentales. Comme si l'homosexuel-le ne recherchait qu'une copie de lui-même \ d'elle-même. L'Autre n'est pas sexué, il est juste autre.

Cherche-t-on des problèmes à ceux qui restent délibérément célibataires ? Pourquoi ne dit-on pas d'eux qu'ils sont incapables d'accueillir la différence, qu'ils sont narcissiques ? Parce que personne n'a rien contre le célibat (ou parce que le célibat renferme en lui sa propre difficulté : la solitude), parce que le célibat n'implique pas de relations sexuelles "dérangeantes". En cherchant des arguments contre l'homosexualité, on en oublie tous les autres aspects de la vie, parce que l'homosexualité nous obnubile (et il faudrait s'interroger sur la cause de cette obsession.)

Voir aussi le paragraphe sur la différence.

Physique

"Les homosexuel-le-s me gênent physiquement"

Je trouve cette remarque frappante. Je n'ai jamais pu l'expliquer concrètement.

Toutefois on devrait s'interroger sur plusieurs choses. Ces personnes sont-elles gênées seulement par la présence physique de l'homosexuel-le, ou bien aussi par sa simple vue, en son absence (pensons à la vue d'un-e homosexuel-le à la télévision). Dans la cas où ce dernier cas se présente, il est permis de s'interroger sur la nature des "radiations négatives" émises par les homosexuel-le-s qui seraient ainsi captées par la caméra ou le micro, véhiculées électroniquement et "hertziennement", et retransmises par le haut-parleur et l'écran. Et si ce phénomène ne se produit pas devant la télévision, ni à la radio, on peut donc en conclure que ce sont donc exclusivement des perceptions de proximité et qu'ainsi, dans le bus, le métro ou la foule du marché, les personnes capables de les capter doivent ressentir par instants des frissons lorsqu'ils cotoient à leur insu un-e homosexuel-le. Evidemment, cela ne se produit pas, et si quelqu'un prétend que cela se produit, il ne serait pas difficile de le vérifier : en lui faisant expérimenter la proximité de plusieurs individus parmi lesquels quelques homosexuel-le-s, je veux bien parier que l'efficacité de la "détection" sera comparable à celle des avions renifleurs.

Si je n'ai jamais pu donner d'explication à cette gêne, je l'ai cependant trouvée dans le livre "Réflexion sur la question juive" (dont je vous recommande vivement la lecture). Sartre cite pour illustrer ce phénomène de gêne physique ressentie lors de la présence d'un individu, l'histoire d'un antisémite justifiant son rejet des juifs par celui, "naturel", de son corps. Et Sartre l'explique par un rejet intellectuel si fort qu'il quitte la seule sphère mentale et atteint le domaine corporel. Il prouve que cette "sensation" n'a rien de physique en citant l'exemple d'hommes qui ont été jusqu'à avoir des relations sexuelles avec des femmes sans ressentir la moindre gêne, jusqu'au jour où ils ont appris leur origine juive (découverte probablement faite lors de la vue de l'étoile jaune que ces femmes ont eu à porter pendant la guerre qui est l'époque de l'écriture de ce livre); découverte qui leur a fait perdre tous leurs moyens !

Un exemple illustrant bien ce dépassement de la sphère intellectuelle sur le physique est la peur du vide, le vertige. Mettez une personne sensible au vertige (moi un peu !) au bord d'un précipice sans le lui dire et cette personne n'aura aucun malaise. Enlevez lui le bandeau (en le tenant) et vous la verrez se sentir mal ! Souvent aussi des gens parlent de l'effroi qu'ils ressentent après une situation, rien qu'à l'idée de la posture dangereuse dans laquelle ils étaient alors que sur le moment ils ne ressentaient rien car ils n'avaient pas conscience du danger. Il n'y a donc pas de mystère non plus sur le lien qu'il peut y avoir entre le mental et le physique. Nos sensations physiques ne sont donc pas une référence absolue de ce qui est bien/pas bien car elles sont étroitement liées à notre expérience et donc à nos acquis et à nos peurs.

Puisque cette gêne existe parfois, comment, alors que ce ressenti n'existe pas chez d'autres, l'inculquer à l'homosexuel plutôt qu'à soi-même ? Comment ne pas remettre en cause sa propre personne - son hyper-sensibilité ou son intolérance par exemple - plutôt que condamner systématiquement l'autre ? Si je frissone devant un noir, dois-je en vouloir au noir d'être noir ou dois-je m'en vouloir à moi de frissoner ?

Comment douter que la gêne physique engendré par les homosexuels chez certaines personnes relève de la même construction psychique ?

J'ai connu une mère qui, 6 mois après avoir découvert l'homosexualité de sa fille, s'est faite opérer d'un kist nerveux. Son médecin lui a dit que ce genre de choses peut arriver après un important choc émotionnel. La relation entre la découverte et le problème de santé ne faisait pas de doute. La mère n'a pas manqué d'en faire le reproche à sa fille : "c'est à cause de toi que j'ai eu des problèmes de santé".

Au delà de la souffrance, digne de respect, qu'a effectivement ressenti cette mère en apprenant cette information, c'est une erreur (vraiment moche) de dire à sa fille que c'est son homosexualité qui en est à l'origine. Car la fille était homosexuelle avant que la mère ne le découvre, et ce n'est qu'à partir de la découverte de l'orientation de la sexualité de sa fille que la mère a développé ce kist. C'est l'image affreuse que la mère avait de l'homosexualité qui l'a tant bouleversée, au point de l'atteindre physiquement lorsqu'elle a appris celle de sa fille .

Si la mère avait connu dans sa vie d'autres homosexuel-le-s, si elle avait accordé un peu d'attention à des gens différent d'elle, l'homosexualité lui aurait paru moins terrible, et elle n'aurait certainement pas développé cette affection.

S'il y a procès, ce n'est guère seulement à la mère qu'il faut le faire, mais le procès de la société, avec ses tabous et ses oeillères, dans laquelle elle a vécu et dont elle a été en partie victime. C'est aussi pour ça que l'homosexualité ne doit pas rester secrète, privée comme quelques personnes le clament hypocritement. Pour la dédramatiser, il faut au contraire communiquer sur le sujet.

Ce n'est pas l'Autre mais la peur de l'Autre qui conduit aux manifestations physiques du rejet.

Pédophilie

Il y a malheureusement encore des gens pour croire (ou feindre de croire, pour mieux effrayer le badaud…) qu'il existe un lien entre pédophilie et homosexualité.

Il faut d'abord s'avoir qu'en France, l'âge légal minimal pour les relations sexuelles entre un adulte et un "mineur" est de 16 ans et non de 18. Lorsque l'homosexualité a été dépénalisée (1981), l'âge de consentement était de 21 ans pour les relations homosexuelles alors qu'il était de 16 pour les relations hétérosexuelles (c'est encore le cas en Angleterre aujourd'hui, malgré de longs débats). Lors du débat parlementaire français pour égaliser les âges (à 16 ans), les réactions vives et irréfléchies n'ont pas manqué de fuser. Pour embrouiller le raisonnement, on fait toujours appel à l'émotion :
"- Pouvez-vous imaginer un vieillard sodomisant un garçon de 16 ans ?
- Pas mieux que je ne puis imaginer un vieillard sodomisant une fille de 16 ans !"
Bravo à Robert Badinter, garde des sceaux et défenseur du projet de loi, qui a su répondre si justement.

Le problème de l'acte pédophile, c'est l'improbabilité du consentement de l'enfant/l'adolescent dans le rapport avec l'adulte. Je dis "improbabilité" car il serait injuste de dire que tout rapport entre un jeune de moins de 16 ans et un adulte (de 18 à 120 ans ;-) ) est forcément abusif de la part de l'adulte : pour ma part, j'aurais souhaité bien avant 16 ans partager un peu ma sexualité avec quelqu'un de respectueux et d'aimant (pourquoi devrait-on tout apprendre des adultes sauf la sexualité ?) Dès les premiers heures de mes désirs, je savais exactement ce que je voulais. La loi protège donc un minimum les nombreux autres jeunes, plus fragiles, d'adultes dont il est difficile de connaître les motivations.

Il reste donc cette différence essentielle entre acte pédophile et acte homosexuel : le consentement mutuel. Tout ce qui relève de la sexualité et qui n'est pas mutuellement consenti est abus, viol. En dehors de cette mutualité de consentement, tout devient choquant et est légalement interdit, ce qui met (ou devrait mettre ?) tout le monde d'accord.

Les homosexuels masculins sont, parce que leur sexualité est réputée fréquente, considérés comme des personnes sans tabou ou sans limite. Cela est évidemment faux. Les homosexuels masculins n'hésitent souvent pas à vivre leur sexualité parce que la relation est assez facile et sans trop de conséquences. De ce fait, leur "appétit" est calmé par des relations consentantes à des fins de plaisir mutuel, ce qu'on ne peut plus aujourd'hui condamner. Ainsi vécus, leurs désirs épanchés n'ont aucun motif logique de s'orienter vers des solutions préjudiciables à autrui.

L'absence (pour rejet, refus, honte ou incapacité à rencontrer un partenaire…) de toute sexualité conduit beaucoup plus aux abus sexuels. Ne pas avoir de sexualité quand on a un désir réel (pour l'un ou l'autre sexe) n'est pas chose facile. Quelques-uns qui en ont malgré tout fait le choix (ou le vœu) n'y arrivent pas malgré leur motivation (honte, foi en dieu ou autres…). Alors, d'efforts en luttes de plus en plus difficiles, ces personnes à la libido bloquée se mettent à chercher des partenaires. Devant la gêne qui est parfois la leur, quelques uns se rabattent sur des personnes qui n'oseront pas en parler, comme par exemple des jeunes, et, par un moyen ou par un autre, souvent graduellement, arrivent à leur fins. Parfois même ils manipulent leur proie en les culpabilisant, leur affirmant que ce qui arrive est de leur faute. Combien d'exemple a-t-on de la sorte ? Combien de fois entend-on : "c'était un homme aimé de tous, si dévoué… On n'en revient pas…".

Plutôt que de se méfier surtout de la "vitalité" sexuelle, homo ou hétéro, on devrait se méfier au moins autant de l'eau qui dort. Attention cependant : il existe de nombreuses personnes que la sexualité n'intéresse pas, dont le désir est nul, faible ou émoussé (pour quelques raisons que ce soit), et il ne s'agit pas de craindre le moindre débordement de leur part de ce côté.

Les homosexuels n'ont pas peur d'une grande étude sociologique sur les actes ou les désirs pédophiles, car ils en sortiraient plus blanchis que coupables.

Paire, Couple

Deux homos qui s'aiment ne formeraient pas un couple.

Il y a des gens pour prétendre que les binômes d'homosexuels ne forment pas des couples mais des paires (l'importance des mots ! C'est quand les gens n'ont rien à dire qu'ils décident de réinventer le vocabulaire). Deux remarques me viennent à l'esprit : dans une paire de sandalettes (c'est l'été !), les deux sont bien différentes ! Désormais, je demanderai un couple de chaussures au maroquinier. Et quand j'étais petit et que je jouais au mariage (le jeu de carte), quand on tombait sur une dame noire, pour gagner il fallait retourner l'autre dame noire : on mariait les lesbiennes ensemble ! Et pareil pour les rois qu'on reposait l'un sur l'autre dans le tas de couples ainsi mariés ! (Je pense que j'ai dû trop y jouer). Il va falloir songer à refaire les règles et marier le roi de trèfle avec la dame de trèfle, Le valet et toutes les autres cartes resteront célibataires. Désormais, quand on voudra jouer au vrai mariage originel, il faudra dire : on joue au PaCS ? On a drôlement bien fait de l'inventer, ce PaCS.

Mais qu'à cela ne tienne, que ceux qui le veulent nous appellent des paires d'hommes ou des paires de femmes. Tout le monde leur demandera "pardon ?" et ça engagera la conversation pour quelques minutes pendant lesquelles ils ne penseront plus à leurs impôts. Et moi, permettez moi de bien me garder de parler de tous conjoints comme d'une paire d'humains.

Outing

Cette entrée est un peu en marge des autres puisqu'elle ne parle pas d'une remarque homophobe particulière, mais d'un procédé utilisé par des personnes ou des organisations homosexuelles pour faire pression ou pour parvenir à un but quel qu'il soit. Il s'agit de dénoncer l'homosexualité d'une personne publique qui s'en cache ou en tout cas n'a jamais révélé au grand public cette partie de sa vie privée.

L'outing est globalement choquant en ce justement qu'il atteint à la vie privée des gens dont le respect est protégé par la loi. Il ne me semble pas pourtant qu'il faille en faire grand cas. Si l'on considère que l'homosexualité est chose grave, honteuse ou préjudiciable, alors l'outing est une démarche extrêmement nuisible et donc détestable. En revanche, si l'homosexualité est dédramatisée et fait bien partie des moeurs comme le clament ou l'espèrent les associations homosexuelles, une telle sexualité n'a rien d'extraordinaire et donc ne peut être utilisée comme un argument pour nuire à cette personne, comme c'est souvent le cas. Certes, pour les "outeurs", l'homosexualité n'est pas un bien grand mal mais ils utilisent le fait que cela en soit un dans l'entourage de la personne publique pour faire pression sur lui. Reste que tenter de discréditer quelqu'un par un outing alors que l'on souhaite avant tout dédramatiser l'homosexualité a quelque chose de bancal.

En ce qui concerne l'outing de personnes publiques comme un des colistiers d'un candidat à une élection (comme cela a été fait en Octobre 2000), il est légitime de se poser quelques questions. L'outing en question n'a été fait que dans un journal communautaire distribué gratuitement dans les établissements gay dont un exemplaire a été envoyé à la personne désignée. Les chances que le message aboutisse à une véritable couverture médiatique sont faibles. Au lieu même de desservir le candidat, cet outing pouvait au contraire renforcer les votes pour la liste auquel le personnage homosexuel outé appartient puisque les homosexuels voteraient plus facilement pour un personnage proche d'eux que pour un autre (c'est d'ailleurs manifestement l'idée politique première puisque ce personnage est justement proposé pour occuper la place de maire dans le quartier le plus gay de Paris). Dès lors, la réaction médiatique de la personne outée devient curieuse : si elle s'était tue, chaque électeur aurait pu l'ignorer, à part les homosexuels fréquentant le milieu homo qui, eux, auraient pu être enclins à voter plus massivement pour la liste auquel il appartient. L'outing en question apparaît tout sauf préjudiciable. En revanche la médiatisation donnée à cette histoire par la plainte qu'a déposée l' "outé" peut effectivement le devenir.

A moins que cela ne soit une manoeuvre. Faire grand tapage de l'homosexualité d'un petit candidat peut avoir pour but final d'aboutir à parler de l'homosexualité des personnages de la liste adversaire, ce qui pourrait être encore plus préjudiciable en fin de compte à la liste adversaire, notamment si ces personnages sont plus nombreux ou plus importants. Prenons un exemple : si dans la liste adversaire le candidat principal était lui-même homosexuel, faire du tapage autour de l'homosexualité d'un simple co-listier d'une liste peut conduire à parler, et amener l'opinion (les électeurs) à en parler et donc presque inévitablement à parler de l'homosexualité du premier candidat de l'autre liste. Pour l'opinion pas forcément homophobe mais tout de même plus encline à voter pour un personnage sans étiquette (de ce point de vue) que pour un homosexuel. Ainsi on pourrait aboutir à un vote plus important pour la liste où l'homosexuel n'est qu'un "subalterne".

Cet outing s'avère donc être une bien belle bêtise, qui pourrait conduire à l'effet inverse de celui recherché. On tâchera désormais de réfléchir à deux fois avant d'utiliser ce genre de procédés.

Au lieu de cela, on devrait peut être mieux mettre au grand jour les 15 000 maires ayant signé la pétition contre la signature en mairie d'un contrat d'union ouvert aux homosexuels. Cette pétition engage entièrement le maire puisqu'il y a exprimé ses idées et que c'est bien pour celles-ci que les électeurs votent. Malheureusement cette liste n'est pas disponible sur Internet (ou plutôt : je ne l'ai pas trouvée).

Prosélytisme, émules

D'où vient l'idée qu'on peut changer d'orientation sexuelle ? D'où vient l'idée qu'un homme, attiré exclusivement par les femmes, va se retrouver un jour exclusivement attiré par les hommes ? Si on a peur du prosélytisme, c'est qu'on sent soi-même qu'on est pas indifférent à la sexualité autre que celle qu'on dit ou croit être la sienne. Les homosexuel(le)s n'ont pas le désir de changer la sexualité des hétéros. Certes il peut y avoir des attirances ou des amours pour une personne qui n'est pas attirée par notre sexe (de nombreux homosexuels masculins phantasment par exemple sur certains hétérosexuels à cause de l'attirance pour l'autre, pour le différent de soi, mais de nombreuses femmes aussi phantasmes sur des hommes homosexuels à cause de leur sensibilité ou de leur douceur... ou pour des raisons plus prosaïques), mais de manière générale, les homosexuel(le)s ne souhaitent pas faire de nouveaux adeptes !

En revanche, les homosexuel(le)s sont souvent prompts à soutenir et à aider les personnes qui doutent ou souffrent de leur orientation.

Moi qui suis homosexuel, entouré de millions d'hétérosexuels au prosélytisme omniprésent (lois, religions, sociétés, familles, contes d'enfants sont toujours, toujours, toujours hétérosexuels !), pourquoi ne suis-je pas attiré par l'hétérosexualité ? Notre sexualité ne se transmet pas, elle est en nous, qu'elle soit hétéro, homo ou bisexuelle.

Je trouve très gonflé qu'on assimile tout geste de "visibilité" homosexuel pour du prosélytisme devant l'universalité de la représentation des schémas hétérosexuels. Soyons un peu beaux joueurs, laissons un peu plus la place aux homos à la télévision, dans la rue (à ceux qui voudraient se donner la main ou s'embrasser), dans notre religion, dans notre famille, dans notre groupe d'amis, parmis nos collègues !

Maladie, Dégénérescence du cerveau

Si un adulte raisonnable tient ce genre de propos (il n'est donc pas formulé comme une insulte), on peut répondre que l'homosexualité est un phénomène partagé par une grande majorité de personnes (Cf. Contre-nature et Anormal) soit toute leur vie, soit simplement à une époque comme l'adolescence et que, si dégénérescence il y a, elle est donc plus que répandue... Mais alors on peut prétendre pareillement que ceux qui n'ont aucun désir homosexuel (eh oui, ca existe aussi) sont aussi dégénérés du cerveau puisqu'ils ne rentrent pas dans la majorité... Pour l'homophobe têtu, la dégénérescence devient alors de n'avoir aucun désir hétérosexuel. Les autres dégénérescences ne gênent personne : n'en parlons pas.

C'est Freud qui a expliqué l'homosexualité comme une dégénérescence du cerveau. Il faut tout d'abord relativiser ses propos : ils ont près d'un siècle et la psychanalyse était alors balbutiante : on ne faisait que la découvrir. Freud lui-même était d'une classe bourgeoise conservatrice assez encline à juger et préjuger. De plus, à la lumière de ce que l'on sait aujourd'hui, ses propos ne tiennent pas debout. Il parlait d'une dégénérescence apparue à l'age de l'adolescence, avec les premiers désirs. Or l'homosexualité existe bien avant la puberté, donc avant toute perception de désir sexuel. C'est pourquoi on devrait peut-être plus justement utiliser le terme d'homophilie.

S'il restait des gens à convaincre de l'innéité de l'homosexualité, ce serait bien les cathos bien-pensants (attention à la cathophobie primaire : nombre de cathos sont beaucoup plus souples que ne l'autorise l'Eglise, et quelques uns d'entre eux sont beaucoup plus durs que ne le souhaite l'Eglise). Que les cathos relisent alors leur Catéchisme (la doctrine officielle pontificale) : "Un nombre non négligeable de personnes ont des tendances homosexuelles foncières". Si l'Eglise reconnaît cette simple chose, elle rejette donc déjà toutes les idées de ceux qui pensent qu'elle est acquise et donc qu'elle peut être communicable. Si l'Eglise Catholique - qu'on n'attend pourtant pas tellement à être du côté des homosexuels - reconnaît cette simple chose, il faut être bien têtu pour continuer à penser le contraire.

Il faut rappeler que vers les années 60, l'homosexualité a été retirée de la liste des maladies mentale par l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé).

Quand bien même l'homosexualité serait une tare, de type maladie ou dégénérescence, d'où vient l'idée qu'il faut traiter les homosexuels différemment ? Avec qu'elle autre "maladie" voit-on des réactions de rejet de la sorte? Au contraire avec les malades, on a presque toujours de la compassion (ce que demande, pour la citer encore, l'Eglise Catholique, à ses ouailles envers les homosexuel(le)s). Alors, la compassion, on n'en a pas vraiment besoin car on peut vivre heureux, même si c'est un peu dur à accepter au début (je suis de ceux qui, à l'adolescence, auraient bu goulûment toute potion magique supprimant ces désirs, mais qui, aujourd'hui, repousserait le calice avec un poli "non merci, sans façon !" ) - mais juste un rapport amical et sincère suffit. (J'entends parler de rapports d'indifférence : quelle horreur ! Si la société évolue un jour dans un sens préjudiciable à l'homosexualité, ce sera bien à cause de l'indifférence ! Et si cela arrive, on sera bien avancés avec de l'indifférence !).

Dernier argument : les maladies ou les handicaps, s'ils peuvent être source de peur ou de rejet (parce qu'on ne sait pas comment réagir, parce qu'on a peur du différent de soi...), ils ne sont pas source de haine. Donc, si l'homosexualité est source de haine, c'est qu'elle a quand même un statut particulier par rapport a un simple handicap ou à une simple maladie.

Homophobies

Ce paragraphe est un peu en marge des autres car il tente d'expliquer l'homophobie et non une remarque homophobe particulière.

Il y a plusieurs homophobies et donc plusieurs "types" d'homophobes. L'homophobie peut avoir plusieurs origines. On compte notamment parmi celles-ci d'une part l'éducation reçue et la religion qui représentent l'essentiel de l'homophobie acquise, et d'autres part la peur de l'autre (associée à la peur de l'image que va donner l'autre) et l'ignorance qui représentent l'homophobie "innée" (Ces deux listes ne sont pas forcément exhaustives). A celles-ci s'ajoute la peur d'être soi-même homosexuel(le), qui est une combinaison d'homophobie acquise et innée car il semble qu'un grand nombre de personnes passent par de tels désirs (innéité) et, sous la pression éducative (donc acquise), ne les acceptent pas. L'homophobe est souvent le produit de plusieurs de ces facteurs.

L'homosexuel homophobe

Que ceux qui lisent ces lignes et qui ne se sentent pas à l'aise avec l'homosexualité ou la rejettent ne se sentent pas désignés en particulier : les homosexuels homophobes existent. Que ceux qui veulent s'en convaincre lisent Proust : les différents "types" d'homosexuels font souvent l'erreur grossière de se rejeter les uns les autres. Ainsi les virils ne veulent pas être mêlés aux efféminés qu'ils accusent de donner une mauvaise image de l'homosexualité. De même, les efféminés reprochent aux virils de ne pas assumer pleinement leur différence. Se rejeter ainsi est grotesque : les homosexuels qui réclament une acceptation pure et simple de la part des hétérosexuels ne savent parfois pas s'accepter entre eux. Une autre homophobie (relative) de quelques homosexuels est d'affirmer que maintenant que l'homosexualité est rentrée dans les moeurs, les homosexuels devraient faire amende honorable, car ils ont obtenu déjà "pas mal". Ces homosexuels ce sentent visiblement coupables de ce qu'ils sont. C'est à dire que soit ils vivent l'homosexualité de manière "coupable" (ils ont fait le choix de cette sexualité de plein gré), soit ils donnent raison à l'homophobie environnante en pensant que la sexualité qui est la leur (foncièrement) est mauvaise dans son essence. Personnellement, j'ai du mal à comprendre cette idée qu'on puisse naître mauvais. Ces homosexuels, outre cette idée que je respecte mais ne partage aucunement, sont peut-être un peu trop égocentriques : ils oublient que d'autres homosexuels rencontrent encore beaucoup de difficultés, et que si leur vie personnelle est satisfaisante, celle de nombreux autres homos doit encore rester cachée.

L'hétérosexuel homophobe

L'hétérosexuel ne partage pas du tout le désir de l'homosexuel. Ceci peut le conduire, tant qu'il ne connaît aucun homosexuel, à penser que l'homosexuel est malade, pervers ou tout simplement dégoûtant sans jugement moral sur sa personne. Dès lors qu'il s'intéresse un peu à l'homosexualité, l'hétérosexuel est obligé de s'apercevoir que l'homosexualité est bien souvent un état et non un passage comme on le dit/croit encore beaucoup. L'homosexuel parle en effet souvent de sa différence qui, avant de se présenter sous forme de désir sexuel à l'adolescence, est bien présente tout au long de son enfance. Il exprime cette différence par l'admiration ou l'attirance inhabituelle qu'il a ressenti pour un camarade (le chef de la bande), un frère, un cousin ou encore une personne chargée d'encadrer son groupe. Parfois il l'a ressentie par ses amitiés plus fréquentes ou plus fortes avec des filles qu'avec des garçons. Ceci permet d'éliminer toute idée de perversion au sens où on l'entend - c'est à dire volontaire -, dans la mesure où on ne peut imaginer de perversion sexuelle chez un enfant avant l'apparition de ses désirs.

Si l'idée est que l'homosexualité est une maladie ou une dégénérescence, ceci, à mon sens, ne pourrait justifier la moindre haine. On ne hait pas les malades... Voir à ce sujet le paragraphe Maladie.

Il est remarquable de noter que l'hétérosexuel a une réaction souvent bien différente, et bien naturelle, envers l'homosexualité féminine qu'envers l'homosexualité masculine. En effet, les hommes hétérosexuels, en particulier, acceptent plus facilement l'homosexualité féminine parce que, ressentant du désir pour la femme, ils sont capables de comprendre tout sentiment similaire et donc celui de la femme pour la femme. Parfois même, et ce n'est pas rare, l'homosexualité féminine fait partie de ses fantasmes (se référer pour s'en convaincre à la presse ou aux vidéos pornographiques hétérosexuelles pour hommes qui exploitent abondamment ce désir) car il se voit volontiers au milieu de deux femmes qu'il imagine comme deux conquêtes abandonnées à lui. (Par contre, si l'expérience se présente, il doit réaliser que celles-ci ne sont pas du tout intéressées par lui. Sa réaction est alors souvent homophobe, violente et/ou insultante d'autant plus qu'il est touché dans son amour propre par ce refus).
De leur côté, les femmes comprennent mieux l'homosexualité masculine puisque, selon le même schéma, elles partagent avec eux l'attirance pour l'homme. Le fantasme corollaire d'une femme se trouvant au milieu de plusieurs hommes semble, par contre, aujourd'hui, moins répandu, sans doute parce que sa sexualité est relativement différente de celle de l'homme.

Ceci explique assez justement l'homophobie banale due à la peur de l'autre, du différent de soi. L'homosexualité est mieux acceptée dans la mesure où c'est le sexe qui nous attire qui s'attire mutuellement. Par contre, celui qui est soi-disant comme moi mais qui ne partage pas mon désir et de qui je ne partage pas le désir est une bête curieuse.

Rejet de l'homosexualité masculine en particulier :

Une hypothèse expliquant l'homophobie innée, envers les homosexuels masculins, résiderait dans la notion de saleté que revêt le rapport sexuel avec l'anus. Il serait bien orgueilleux de ma part d'imaginer changer la perception que ceux qui n'ont pas essayé en ont, cependant ceux-ci doivent bien réaliser que les homosexuels, même s'ils doivent faire avec ce qu'ils ont, biologiquement, pour pratiquer la pénétration, ne sont pas plus attirés par la scatologie que les hétérosexuels. Il faut bien donc que ce ne soit pas aussi sale qu'ils le pensent pour que les homosexuels en fassent l'usage. Car les homosexuels peuvent quand même avoir une sexualité sans pénétration annale : cela arrive bien souvent. Ils utilisent alors les pratiques bien connues et bien moins effrayantes des hétérosexuels. N'oublions pas, enfin, pour clore ce chapitre, que la pénétration annale n'est pas le propre de l'homosexualité puisqu'elle est également pratiquée par les hétérosexuels. Donc si phobie scatologique il y a, elle doit, si besoin est, être canalisée vers ceux qui la pratiquent et non vers une population qui la pratique "en général".
Malgré cette explication, je ne pense pas que la pénétration annale soit vraiment à l'origine du rejet de l'homosexuel. Je voudrais attirer l'attention sur l'insulte "enculé" : la personne qui pénètre n'est jamais prise en défaut comme une personne "ridicule". C'est toujours la personne pénétrée qui est mise à l'index par ce genre d'insultes. Cette remarque peut permettre de penser qu'il n'est pas si mal vu d'avoir un rapport sexuel avec l'anus d'autrui, tandis que ce qui est véritablement mal vu est de se laisser "soumettre" en offrant son anus au partenaire (cette idée peut révéler l'extraordinaire sexisme qu'il y a dans une telle vision des choses : pas de problème que l'homme soit homosexuel tant qu'il pénêtre, tant qu'il reste homme, donc, d'une certaine manière, tandis que s'il occupe le rôle de la femme, il devient méprisable...). Ici la salubrité de l'acte n'intervient absolument pas dans la perception de l'insultant : pour l'homophobe, bien souvent, seule la position est dégradante.

Une autre explication semble, elle, très réaliste : il s'agit de la peur de l'hétérosexuel d'être pénétré. Je vous renvoie à l'insulte citée ci-dessus. Un certain nombre de psy (que je n'aime pas beaucoup citer tant leurs explications se contredisent parfois) parlent effectivement de la fascination (mélange d'attirance et de dégoût) que semble avoir la gente masculine à propos de cette idée. Un seul exemple ne vaut pas forcément plus que le cas dont il parle, donc je ne vais pas généraliser, mais j'ai discuté avec un homme, en couple hétérosexuel harmonieux et heureux, qui m'a révélé avoir ce désir intense. Il n'a pourtant pas le sentiment d'être bisexuel. Ainsi existe-t-il aussi la peur du viol chez l'homme, qui le panique d'autant plus qu'il n'est habitué ni à l'idée qu'on puisse convoiter cette partie si intime de son corps (bien plus intime que son sexe puisqu'il "partage" ce dernier lors de ses propres relations sexuelles), et encore moins à l'idée que la personne qui la convoite soit d'un rapport de force physique comparable au sien.

Rejet de l'homosexualité féminine en particulier :

Une explication de l'homophobie envers les homosexuelles résiderait dans la relative sagesse qu'on associe à la sexualité féminine. La femme ayant une sexualité différente, moins impulsive peut-être que celle de l'homme (il ne me semble pas que cela soit acquis : la nature animale est riche d'exemples où la femelle résiste ou, en tout cas, montre une certaine résistance devant les assauts parfois incessants des mâles). De ce fait les femmes sont peu à peu considérés comme des êtres n'ayant pas ou peu de sexualité innée et qu'il faut se montrer persuasif et/ou patient pour arriver à éveiller ce désir chez elles. Du coup, la femme et la sexualité sont quelque peu dissociées l'une de l'autre dans notre civilisation si bien que dès qu'on les ré-associe, c'est pour parler de filles qui ne courent pas les rues, des filles qui "aiment ça" qu'on qualifie alors facilement de "salopes" (vous pourrez chercher : on ne trouve aucun équivalent pour l'homme : il est considéré comme normal pour l'homme d'aimer le sexe, pas pour la femme). Ainsi lorsque deux femmes revendiquent leur sexualité commune, l'incompréhension voire l'ahurissement conduit à une réaction de haine, alimentée notamment par le fait que ces deux femmes-là sont forcément perverses. Autre homophobie.

Rapport de domination à casser !

Un hétéro s'estime supérieur à un homosexuel car l'homosexualité est toujours plus ou moins considérée comme une tare, une déficience (même si de nombreux(ses) homosexuel(le)s ont démontré leur grande valeur). Comme à l'école, on se sert de sa supériorité sur l'autre pour l'écraser et lui faire de la peine. Quand l'homosexuel assume son état, il devient en quelque sorte plus fort que l'hétérosexuel (du point de vue de l'hétérosexuel) car celui-ci constate que l'homosexuel(le) assume quelquechose dont il/elle devrait avoir honte (selon l'hétérosexuel): cette constatation l'ébranle car l'homosexuel devient fort : il parvient à assumer sa différence tandis que lui qui n'en a pas (ou pas d'aussi fondamentale) se sentirait faible/honteux à sa place. Ainsi l'homosexuel se sent presque dominé par l'homosexuel qui s'asssume.

Ce n'est peut-être pas toujours vrai alors il faut prendre des précautions avant de "s'afficher", mais c'est une situation que j'ai pu fréquemment constater.

A cela, on peut ajouter que révéler à quelqu'un qu'on est homosexuel, c'est lui faire confiance. Faire confiance à quelqu'un, c'est le grandir, lui donner de la valeur. Et cela, même si la personne a de mauvais a prioris sur les homosexuels, c'est installer une relation saine entre deux personnes.

Si on ne peut faire cela, ce qu'il faut éviter à tout prix, c'est mentir. On n'a le droit de se taire sur sa sexualité, cela peut rester privé. Mentir c'est dire à l'autre qu'on ne lui fait pas confiance et si on est amené à la revoir régulièrement, c'est peut-être un jour affronter sa réprobation à cause du mensonge. Toute personne a le droit d'en vouloir à une autre qui ne lui a pas dit la vérité.

Humanité, mauvais exemple

Voilà bien une des plus grande préoccupation si on en croit le nombre de fois où reviennent ce genre de propos : l'homosexualité est un mauvais exemple car si tout le monde se comportait comme les homosexuels, l'humanité serait anéantie. Tout de suite les grands mots...

Ce qu'on peut dire tout d'abord c'est que les homosexuels ne sont pas contre les enfants : ils sont tout à fait capable d'en faire et certains souhaitent pouvoir adopter ou regrettent de ne pas avoir droit à la procréation médicalement assistée. Les enfants que les homosexuel(le)s pourraient adopter, on les leur refuse. Les enfants que les lesbiennes pourraient porter par procréation médicalement assistée, on les leur interdit. Ils n'ont plus la possibilité que d'avoir une relation génitale (puisqu'on ne peut parler là de " faire l'amour ") avec le sexe opposé pour obtenir de manière " naturelle " un enfant. C'est légal et plus facile pour les lesbiennes que pour les homosexuels puisque ces derniers doivent obligatoirement faire appel à une mère porteuse (ce qui est aussi illégal) pour y parvenir. Ainsi, si la grande inquiétude c'est celle de la disparition de l'humanité, qu'on laisse aux homosexuels et aux lesbiennes ces possibilités : qu'on les permette et le problème sera réglé, au moins en partie. On ne peut pas à la fois reprocher aux homosexuels de ne pas subvenir aux besoins de l'humanité et maintenir toutes les rêgles les en empêchant.

Mais il faudra régler un autre problème : celui de la chasteté, qui regroupe tout le clergé, quelques célibataires, quelques mariés et quelques pacsés. En effet, selon le critère du mauvais exemple, si tout le monde se mettait à faire comme les moines (ca reposera un peu les prêtres), l'humanité disparaîtrait également. Représentent-ils pour autant un mauvais exemple ? Le "problème" est bien le même.


De même, on pourrait rétorquer que si l'humanité venait à n'être plus constituée que d'hommes, ou que de femmes, elle s'anéantirait tout aussitôt. De même qu'on ne choisit pas son sexe, on ne choisit pas son orientation sexuelle, et de même que les hommes ou les femmes ne disparaissent pas, les hétérosexuels ne sont ni une espèce menacée ni en voie de disparition. Il n'y a donc pas de risque pour l'humanité...

L'homosexualité exclusive ne concerne pas une majorité de la population et on ne peut la généraliser pour y puiser un argument contre le mode de vie en soi. Et même si on le faisait, même si tout le monde devenait exclusivement homosexuel, comme je l'ai expliqué plus haut, l'humanité a les moyens de perpétuer sa race... Il n'y a pas à craindre que l'homosexualité se répande sur l'humanité toute entière, et même le plus extrémiste des anarchistes homosexuel, j'imagine, ne le souhaite pas. Il n'y a pas chez les homosexuels le désir de faire des émules.

Je suis déjà intervenu sur cette peur curieuse de voir l'homosexualité envahir le monde. Quelle peut-être l'importance de notre désir hétérosexuel pour qu'on en arrive à penser que ce désir puisse disparaître au profit du désir homosexuel ? Il faut que l'homosexualité représente une attirance pour soi-même plus forte que son désir hétérosexuel pour craindre que l'homosexualité prenne le dessus, non seulement chez soi mais également chez tous ces contemporains ! Un amateur de vin rouge a-t-il peur que l'apparition de bons vins blancs supprime en lui le goût pour le rouge et entraîne la disparition des amateurs des vins rouge ? Ou alors il faut croire que l'homosexualité comporte des avantages majeurs et décisif par rapport à l'hétérosexualité. Mais alors qu'on me les dise ! Que peut faire un homosexuel qu'un hétérosexuel ne peut pas faire ?

Pour clore ce chapitre, voici la traduction d'un extrait d'un discours de Heinrich Himmler sur la " question de l'homosexualité " pendant l'Allemagne Nazie. Il se passe, bien sûr, de commentaires.

" Si en plus vous prenez en compte les faits que je n'ai pas encore mentionnés, qui sont qu'avec un nombre stable de femmes, il manque 2 millions d'hommes tombés dans la guerre [1914-1918], alors vous pouvez bien imaginer comment ce déséquilibre de 2 millions d'homosexuels plus 2 millions de victimes de guerre, ou en d'autres termes, un manque de 4 millions d'hommes capable d'avoir des relations sexuelles, a bouleversé l'équilibre des sexes en Allemagne et conduira à une catastrophe. Je voudrais vous développer quelques idées sur la question de l'homosexualité. Il y a des homosexuels qui ont le point de vue suivant : "ce que je fais est mon affaire, une affaire purement personnelle". Cependant, rien de ce qui touche à la sphère sexuelle n'est une affaire privée de l'individu, mais signifie la vie ou la mort d'une nation, signifie le pouvoir mondial ou la " Suissification " [La Suisse étant un pays neutre, elle était considérée comme faible par l'Allemagne Nazie]. Le peuple qui a beaucoup d'enfants est candidat au pouvoir et à la domination du monde. Un peuple de bonne race qui a trop peu d'enfants a un ticket direct pour le tombeau, pour l'insignifiance dans 50 ou 100 années, pour l'enterrement dans 250 années... Ainsi, nous devons être absolument clair que si nous continuons à avoir ce fléau en Allemagne, sans pouvoir le combattre, alors c'est la fin de l'Allemagne, et la fin du monde germanique. "

Allez, juste un petit commentaire : " Fléau ", la France a promulgué une loi vers 1970 établissant l'homosexualité comme " fléau social ". C'est Mitterrand (dont on pensera ce qu'on voudra par ailleurs) qui, quelques années plus tard, a décriminalisé l'homosexualité; c'était en 1981.

Ghetto

Voilà un autre reproche assez partagé par les hétéros et par quelques homos. L'horreur du ghetto, de ces gens qui vivent ensemble, qui se regroupent, on se demande pourquoi…

Est-ce vraiment un mystère ? Il est parfaitement naturel a des gens partageant une même sensibilité, et en particulier quand ils sont minoritaires (et rejetés), de vouloir - de temps en temps ou plus souvent - se balader dans un endroit qui leur est plus accueillant. Peut-on reprocher à un Chinois de se sentir bien dans le "quartier chinois" de Paris alors que c'est là où habitent tant de chinois parisiens ? Peut-on reprocher à un bourgeois de préférer évoluer dans la bourgeoisie, dans le 16ème ou à Neuilly ? Dans le Marais, à Paris, personne ne dévisage les homosexuels qui s'embrassent ou se donnent la main. On peut donc dire sans exagérer que l'existence d'un lieu de regroupement est à la fois libérateur pour les homos, mais aussi pour les homophobes ! Des ghettos, des cercles, il en existent partout et celui qui prétend vivre totalement hors milieu se prive peut-être plus qu'il ne se préserve.

Ne croyons pas non plus que le ghetto est fait toujours des mêmes personnes, qui ne vivent que dans ce milieu là. Ce qu'on appelle les ghettos, sont en réalité des lieux de rencontres de gens habitant souvent et travaillant encore plus souvent ailleurs et qui aiment leur liberté de vivre en dehors, comme leur liberté de vivre en dedans. Pas d'angélisme : il peut y avoir des excès et des frustrations dans tous les milieux, et il y en a immanquablement dans le milieu homo. Il est vrai par exemple que les filles, comme les homos dans les milieux bourgeois, ne sont pas toujours les bienvenues dans les bars gay et c'est un peu dommage.

Il faut enfin se souvenir que l'origine du mot ghetto : cela fait référence un petit quartier de Varsovie entouré de barbelés dans lequel les SS ont parqués de force des milliers de juifs avant leur acheminement vers les camps de la mort. Est-ce que les lieux de regroupement volontaire et décontracté que l'on nomme aujourd'hui ghetto ont quelque chose à voir avec cette origine historique ? Chacun est libre d'aller et venir, dans le milieu qu'il souhaite. Ce que l'on peut cependant espérer, c'est que personne ne se cantonne à un seul espace de vie et que tous cherchent un équilibre entre différents cadres. Mais il n'est pas dit que un seul milieu signifie déséquilibre, tout dépend évidemment de ce qu'on a dans la tête.

Pour illustrer le besoin de partage, et l'exclusion que peuvent ressentir les gens qui se retrouvent dans un cercle sans partager la même expérience, faites appel à vos souvenirs : qui ne s'est pas, un jour, retrouvé au milieu de jeunes parents, par exemple, qui se sont mis à ne parler que de couches-culottes et de biberons ? Même des couples sans enfants finissent pas s'y ennuyer, alors ne parlons pas des célibataires et des homos dans de telles réunions !

Ce ne doit être un reproche pour personne que d'aimer, de temps en temps évoluer avec des gens qui partagent les mêmes idées ou les mêmes goûts. Et ce ne doit être un reproche pour personne que de ne pas s'y plaire.

Efféminé

Voilà une grande source d'homophobie, pour les hétéros et même bien des homos.

Il est un peu extraordinaire de constater aujourd'hui la force du sexisme qui reste dans notre société. Etre féminine, pour une femme, est une qualité, tandis que pour un homme, c'est un gros défaut ! L'inverse est vrai quoique peut-être un peu moins : être viril est une qualité essentielle d'un homme mais pas systématiquement un défaut chez la femme. Sauf quand on peut douter de son hétérosexualité : le problème est certainement plutôt là, d'ailleurs.

On peut aussi remarquer que si l'homme un peu macho (mais pas trop, attention) a encore de nombreuses adeptes chez les femmes, nombre de femmes pourtant rêvent d'un homme à l'écoute, sensible et doux. De même, les femmes autoritaires ont également leur succès chez les hommes. Ceci amène à dire que la véritable gêne est l'aspect purement physique de la féminité chez l'homme (ou de la virilité chez le femme). L'autre aspect, celui du caractère, n'est guère choquant.

Est-ce là un nouvel exemple de l'attachement de notre société aux valeurs, pas vraiment fondamentales, des apparences ? En tout état de cause, de même que des femmes en pantalon ne choquent plus personne, il serait bon, un peu, de dépasser nos gênes (je dis nos car j'ai partagé cette gêne) et d'accepter la féminité masculine (!).

Voire aussi à ce sujet le paragraphe sur l'homophobie.

Diabolique, Mal

L'homosexualité ne parle pas seulement de sexualité, qui n'est qu'un "symptôme" mais parle d'amour. Est-il besoin d'en dire plus ?

L'homosexualité n'est pas une perversion, en ce qu'elle n'est pas une modification volontaire de son désir. Je ne veux pas parler des cas extrêmes de celles et ceux qui s'adonnent à toute sexualité dans le seul but de repousser leurs limites : j'imagine qu'ils existent mais je n'en ai pas rencontré. J'ai rencontré par contre beaucoup d'homosexuels. Nombre d'entre eux, dont je fais partie, n'ont absolument aucun désir hétérosexuel, ce qui prouve bien que l'homosexualité ne découle pas d'une envie d'aller plus loin dans sa sexualité, de vouloir tout découvrir ou tout vivre, auquel cas ces homosexuels auraient aussi des rapports hétérosexuels.

Enfin, l'homosexualité, quand elle apparaît, est le plus souvent subie. Chacun s'accommode ensuite plus ou moins bien à cette réalité. Ce n'est donc pas un désir de mal faire.

Contre la volonté divine, le plan de Dieu.

Ceux qui affirment cela sont extraordinaires. La volonté de Dieu, ou son plan selon les personnes, leur semble connue. Pour ma part, j'ai toujours entendu parler du Mystère de Dieu et jamais de son plan. Et pourtant certains osent en parler calmement comme d'une évidence simple et sûre. A l'évidence, le plan de Dieu est, pour eux, que l'homme s'unisse à la femme et ainsi engendre. Quelle erreur ! Heureusement, ceux qui affirment ce genre de choses regrettent vite leurs propos. Ils réalisent après coup qu'ils oublient les personnes blessées par la stérilité, la solitude, motivées par la prêtrise ou tout simplement ceux qui ne souhaitent pas d'enfants (mais ces derniers restent suspects à leurs yeux). Ils pourraient également penser que si la volonté divine était telle, nous ne vaudrions pas beaucoup plus que les autres créatures animales ou végétales, tandis que les religions font un dogme fondamental de notre différence avec les autres créatures vivantes.

Selon le livre de la Genèse, le péché originel a été, de la part d'Adam et Eve, de manger du fruit de l'Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal, seul arbre du jardin d'Eden à être réservé à Dieu selon ses propres dires. D'où le devoir de chacun de ne rien affirmer sur la volonté de Dieu : puisque nul n'est sensé connaître ce qui est bien et ce qui est mal, nul ne peut savoir quel est son plan. A cela, les plus têtus répondent que ce qui est bien ou mal est indiqué par Dieu dans la bible.

Contre la Famille

Quand je vois le mal qu'ont beaucoup d'homosexuels à accepter leur état, quand je vois surtout la difficulté et les craintes qu'ont quasiment tous les homosexuels à révéler (et non pas avouer, ce n'est pas un crime) leur homosexualité à leurs parents, quand je vois le nombre d'années qu'ils attendent avant d'en prendre la décision - preuve de leur attachement à leur famille -, quand je vois les quelques parents (pères, mères, frères, soeurs...) qui rejettent leur fils/fille/frère/soeur ou en tout cas son/sa compagnon/e, je me demande comment on peut honnêtement sortir ce genre d'horreurs. Ce la relève effectivement plus de la méchanceté que de l'argumentaire.

Les homosexuels aiment leur famille. C'est plus souvent la famille qui rejette l'homosexuel que l'inverse. "Pas de ça chez nous" : l'expression montrant le rejet parental de l'homosexualité est tellement frappante !

Il ne faut pas oublier non plus qu'une part des homosexuels aujourd'hui sont des hommes ou des femmes qui se sont mariés et qui ont fondé une famille. Le jour tardif où ils acceptent ou bien découvrent leur homosexualité ne coïncide pas avec une haine soudaine pour tout ce que représente la famille. C'est absolument ridicule.

Il ne faut pas oublier enfin qu'une part des homosexuels souhaite pouvoir enfanter (femmes...) ou adopter et fonder ainsi une famille.

Un certain nombre de gens ont voulu défendre la famille en manifestant contre le PaCS. Je ne vois pour ma part pas de rapport particulier entre les deux. On peut, tout au plus, comprendre un peu mieux ceux qui ont voulu défendre le mariage, d'autant que dans certains milieux a circulé l'argument que la loi sur le PaCS modifiait la loi sur le mariage (c'est fou qu'on soit obligé de mentir pour parvenir à mobiliser plus de monde ! Que ce soit donc dit et vérifié : la loi sur le PaCS ne touche légalement en rien à la loi sur le mariage). Si on peut comprendre que des personnes mariées aient ainsi pu être émues par cette désinformation, en quoi le fait que deux hommes ou deux femmes ou un homme et une femme s'unissent pas le PaCS vient modifier l'idée de la famille ? Au contraire, le PaCS ne peut que faciliter la vie de ceux qui désirent fonder une famille et que les valeurs du mariage dérangent, pour des raisons qui leur sont personnelles et que personne n'a à juger. Le PaCS ne dérange vraiment qu'une certaine idée de la famille, dogmatique, étroitement liée à celle du mariage.

La Famille est une valeur qu'une catégorie de personnes voudraient accaparer, alors que c'est une valeur plus ou moins universelle, que presque tous ont connu dans leur enfance et que beaucoup veulent connaître à l'age adulte.

L'homosexualité et la famille ne peuvent être opposés, et on ne peut faire le reproche aux homosexuels qui demande des droits de vouloir nuire aux droits des autres.

Christ, Chrétien

Il existe des sites sur Internet donnant "un point de vue chrétien" sur l'homosexualité. Tout discours tentant de faire dire que le Christ a condamné l'homosexualité est un mensonge. Le Christ n'a jamais parlé de ce sujet, tous les théologiens le savent. Tout discours rejetant l'homosexualité sous couvert de chrétienté n'est en réalité au plus qu'un point de vue biblique. Le message chrétien à toujours été un message d'amour, d'accueil et d'ouverture vers les autres et jamais un message de rejet, d'accusation ou de mépris.

Bible

La bible interdit plus ou moins clairement l'homosexualité (masculine et pas la féminine), mais elle interdit aussi, et beaucoup plus clairement, de porter des vêtements conçus d'étoffes tissées avec un mélange de fibres différentes. Ceux à qui cette seule réponse ne suffit pas peuvent lire la suite...


Il est demandé à chacun, dans la bible, au sein de la Loi de Sainteté, de ne pas partager sa couche avec un être du même sexe. Il est même écrit que c'est une abomination.

Ce texte fait beaucoup réfléchir et blesse. Cependant son contexte déborde de curiosités. De cette liste d'interdits sexuels est d'abord absente la partouze ! On peut peut-être voir dans l'interdit précité un interdit plus global, qui, puisqu'il interdit de partager sa couche avec une personne de son sexe, interdit donc la partouze puisqu'à partir de 3 personnes, il y a forcément deux personnes de même sexe... CQFD ? Pas si sûr ! Dans cette liste d'interdits - que je vous recommande de lire tant elle est édifiante - sont énumérés en extension tous les cas entres parent/enfants, cousins/cousines, belle-mère, beau-fils... etc. a tel point qu'on se dit vraiment que celui qui a voulu énumérer tout ça a fait un travail bien fastidieux qui aurait pu être simplifié par une formule plus globale. Donc penser que la même personne a tout énuméré d'un côté et tout englobé d'un autre ne tient pas. Tout cela pour dire que la partouze n'est pas explicitement interdite dans cette liste et que c'en est une première curiosité qui permet de douter de sa Validité Absolue.

Dans le même ordre d'idées, toutes relations sexuelles entre parents sont, dans ce texte, interdites en double où seul le sexe change (afin de piéger les malins ?). Par exemple, il est interdit à une fille et à son beau-père de coucher ensemble mais aussi à un fils avec sa belle-mère. Ainsi, si on trouve interdits tous rapports sexuels entre deux hommes, on devrait également trouver son équivalent au féminin. Contre toute attente, on ne trouve pas l'homosexualité féminine dans ces interdits. La Reine d'Angleterre Victoria, elle aussi, avait fait rédiger des lois contre l'homosexualité masculine seule (qui ne s'appelait pas comme ça) lors de son règne. Ses conseillers lui avaient alors demandé pourquoi elle n'interdisait pas de même l'homosexualité féminine. La Reine répondit à cela : "parce que ça n'existe pas !". De même le paragraphe 175, loi criminalisant l'homosexualité et largement utilisée par l'Allemagne Nazie pour déporter les homosexuels et faire toutes sortes d'expériences sur eux, ne parle que d'homosexualité masculine. Que cela signifie-t-il ? Que ces textes n'émanent que d'hommes et non pas de Dieu. Si l'écriture de ce passage avait été divin, Dieu aurait-il oublié l'homosexualité féminine ? Dieu peut-il ignorer que l'homosexualité féminine existe ? Bien sûr que non : Dieu, s'il est ce qu'on nous décrit, est moins ignorant que la Reine d'Angleterre. Seul un homme (ou une femme) pouvait commettre cette erreur qui nous apparaît aujourd'hui grossière. Errare humanum est : l'erreur est humaine, pas divine.

De plus cette liste cite l'interdiction des rapports sexuels d'humains à animaux. La loi biblique la qualifie de "souillure". Je m'étonne de ce mot somme toute assez léger (mais peut-être était-il beaucoup plus fort à l'époque, auquel cas ma remarque ne tient pas). Au delà des goûts et des dégoûts de chacun, il semble curieux de qualifier l'acte homosexuel d'abomination et l'acte "zoo-sexuel" de simple "souillure". On n'a un peu l'impression que celui qui écrit ce texte exprime les degrés de ses propres rejets et qu'ils sont, par rapport à ceux d'aujourd'hui, quelque peu inversés.

Pour en terminer avec cette liste d'interdits, qui se veut faire partie la loi de sainteté divine et au sein de laquelle Dieu rappelle plusieurs fois qu'il est le seul Dieu, la simple présence de qualificatifs tels que "abomination" ou "souillure" trouble. En effet, puisque Dieu affirme que c'est lui qui dicte ces lois, et si c'est bien lui qui le fait, comme il est le Tout-Puissant, a-t-il quelque chose à justifier ? Quel besoin a-t-il d'expliquer par des qualificatifs ce qui est interdit ou ne l'est pas ? Celui qui parle - Dieu ? - cite en effet les mots de "souillure" et d' "abomination" comme s'il interdisait l'homosexualité ou la zoo-sexualité en s'appuyant sur quelque chose (une référence plus absolue que lui ?). Dieu énonçant des lois n'a pas besoin de telles justifications puisque (s'il existe) il est le plus haut des êtres. Autre doute sur la véracité de ces lignes.

Il faut aussi ne pas s'arrêter juste à cette lecture. En effet, quelques pages plus loin, toujours dans la loi de sainteté, on trouve les interdits alimentaires. Rien ne permet de dire si les interdits sexuels sont plus à surveiller que les autres, or, les pères de la chrétienté ont fait des choix - dont je ne connais pas encore les tenants - mais dont les aboutissants ont affranchi les chrétiens de ces interdits alimentaires. De ce fait, comment croire ou affirmer que les interdits sexuels doivent être respectés à la lettre tandis que les interdits bibliques alimentaires ne présentent aucune valeur ? C'est une question que je pose. Si quelqu'un d'érudit en connaît la réponse (qui doit bien exister), qu'il le fasse savoir.

Mon opinion sur ce passage de la Bible est qu'il est l'oeuvre d'un homme et non un précepte divin. Le fait que ni la partouze ni l'homosexualité féminine ne fassent partie de la liste des interdits sexuels en témoigne. L'homme qui a écrit ces lignes a manifestement laissé son empreinte : parmi tous les interdits auxquels on peut s'attendre ne manquent que ses propres désirs. N'oublions pas non plus, pour conclure, que le harem est une façon de vivre citée et autorisée par ce passage de la bible, et qu'avant de s'y référer, il serait bon de vérifier si tout ce qui y est écrit correspond bien à notre façon de voir la relation humaine.

Anormal

Remarque tout à fait justifiable ! Il n'y a rien à redire, dans la mesure où ce qui est anormal dépend de ce qu'est la normalité et donc de la définition des bordures qui la limitent. Plus notre définition de la norme est étroite, moins il y a de gens dedans. Partant de cette lapalissade, tout peut-être mis en dehors ou en dedans. Il est de ce point de vue constructif de demander à quelqu'un qui tient ce genre de discours sa propre définition des normes. Etudié en détail, ça doit être très intéressant... Je connais quelqu'un pour qui être de gauche est anormal... :-)

La plupart du temps, c'est la majorité qui définit la "normalité". Ce que fait le plus grand nombre est le comportement normal. Et c'est un peu pour cette raison que l'homosexualité est considérée comme "anormale". Le petit problème, c'est que Freud a découvert lui que la majorité de l'espèce humaine a des désirs bisexuels... Une autre étude (dont je publierai prochainement les références) définit d'après sondage que seuls 4% des humains sont exclusivement homosexuels, 4% sont hétérosexuels et que les autres sont bisexuels. 92% représente une majorité suffisante pour redéfinir la normalité, non ? (Ce qui ne règle pas mon cas (je fais partie des 8% restant)).

L'homosexualité est-elle anormale ?

Ce qu'on peut constater en lisant les principes fondamentaux de toutes les religions, c'est que l'homosexualité est toujours mise à l'index, c'est toujours une chose grave, un acte mauvais à ne pas commettre. On trouve une diabolisation, des interdictions, des messages de condamnation à toutes les époques, dans toutes les sociétés, sauf dans celles, rares où elle était plutôt bien acceptée.On peut constater également que la grande peur contre l'homosexualité, c'est qu'elle fasse de plus en plus d'adeptes. On a peur ainsi de laisser les homosexuel(le)s adopter parce qu'on veut faire croire que leurs enfants auront toutes les chances d'être eux aussi homosexuels.
Ces constatations permettent d'affirmer qu'on sait et qu'on sent que l'homosexualité existe toujours et partout. De là à penser que l'homosexualité est normale, au sens ou il est nomal d'avoir des désirs homosexuelss, il y a un pas que je franchis. On nous dit trop souvent que l'homosexualité est normale à l'age de l'adolescence pour qu'il soit acceptable de dire qu'elle est totalement anormale après.

Animal

C'est par souci d'exhaustivité plus que d'intérêt que je cite cette oposition fort pertinente à l'homosexualité.

"La différence entre les hommes et les animaux, c'est que les hommes font l'amour face à face."
Cette phrase fort spirituelle a été prononcée de manière tout à fait sérieuse à un homosexuel. Autrement dit, les homosexuels sont des animaux ou au moins leur comportement sexuel permet de douter de leur humanité...

L'auteur, 24 ans, n'avait pas conscience que cette distinction entre les hommes et les animaux met les lesbiennes dans le camp des humains, qu'il est très possible aux homosexuels masculins de faire l'amour de façon "humaine" (eh oui, face à face !), que certains animaux, comme certaines races de tortues ou de mamifères marins, peuvent être considérées comme humaines selon cet adage universel... Enfin, de nombreux hétérosexuels, probablement lassés par la position du missionnaire, se transforment parfois en animaux, tel Manimal dans le feuilleton. Je vous le dis, c'est vrai !

Différence, altérité (rejet).

Les homosexuels, aimant par définition les personnes de leur sexe, sont désignés comme incapables d'aimer le véritable Autre (présenté comme le sexe opposé). Ainsi l'homosexualité conduirait-elle à l'exclusion (cf. discours de Madame Boutin à l'Assemblée Nationale).
L'amour de l'autre sexe n'est guère une garantie de l'amour et du respect de l'autre. Si tel avait été le cas, le machisme et la misogynie n'auraient jamais existé (cette idée est tirée du livret "L'homophobie" dans la collection "Que Sais-je ?" aux éditions PUF - Juin 2000). On peut ajouter sans crainte que le racisme et toute forme de rejet n'auraient jamais du exister non plus puisque l'hétérosexualité est tellement synonyme de plein amour.

Les relations qui lient les femmes (hétérosexuelles) et les hommes homosexuels sont propres à renverser n'importe quel discours tentant d'exprimer le rejet par les homosexuels de la différence, de l'altérité, des "autres", en particulier des femmes. Les amitiés entre homosexuels et femmes sont extrêmement nombreuses et fortes, à tel point qu'il en est né l'expression, au demeurant fort péjorative mais cependant bien significative, de fille à pd (sont ainsi appelées les femmes qui apprécient et sortent régulièrement et principalement en compagnie d'homosexuels). De même, les liens entre les fils homosexuels et leur mère sont tout aussi remarquables, dans de très nombreux cas. On serait même tenté de dire que l'homosexuel craint plus l'homme hétérosexuel (identique du point de vue sexuel) que la femme hétérosexuelle (différente).

Les femmes, lorsqu'elles expriment l'amitié qui les lient à des homosexuels, parlent de la sincérité des rapports qui n'existent pour ainsi dire pas avec la gente masculine hétérosexuelle (hors couple, évidemment). Les femmes hétérosexuelles et les hommes homosexuels ont à l'évidence des choses en commun (comme leur désir) qui leur permettent un partage de sentiments qui me paraît être à la base même de l'amitié. Je ne dis pas que les hommes et les femmes hétérosexuelles ne sont pas amis, ce serait une grosse bêtise, je dis cependant que les femmes ont souvent un tout autre rapport avec les hommes homosexuels qu'avec les hommes hétérosexuels, que ce rapport, elles l'apprécient beaucoup, et qu'ainsi elles ne se sentent pas rejetées par les homosexuels, bien au contraire.

Enfin, les couples de garçons sont souvent beaucoup plus divers que les couples hétérosexuels. Les grandes différences d'age, de milieu social ou politique, sont, en proportion, très probablement plus nombreux que chez les hétérosexuels. Peut-être n'est-ce que parce que les homosexuels sont moins nombreux et sont donc plus souvent enclins à "s'accommoder" malgré leurs différences, peut-être au contraire sont-ils plus ouverts ou plus souples, toujours est-il qu'on ne peut leur faire le reproche de ne s'aimer qu'entre "semblables". Il est par exemple frappant de noter qu'une image qui a longtemps été (et qui est toujours) une icône gay représente un (très beau) mécanicien portant deux pneus alors que la population gay qui l'adule vit dans des milieux sociaux autrement plus raffinés ou intellectuels.

L'attirance pour la différence existe bel et bien chez les homosexuels, jusque dans leurs fantasmes. Cette attirance, je l'ai montré, peut-être affective ou physique. La seule différence avec la relation hétérosexuelle est qu'il n'y a simplement pas d'attirance pour les organes génitaux autres. Qui trouve scandaleuse cette différence ?

La condamnation pour "non-altérité" peut s'appliquer à d'autres "catégories" de personnes que les homosexuels (Rejet de l'autre pour les célibataires, stérilité pour les prêtres, ...). Cependant, ceux qui tiennent ce discours n'ont pas la moindre animosité envers ces catégories, preuve que l'argument est irréfléchi, résultat d'un manque global d'interrogations sur la Vie par la personne qui l'énonce. Ce type de propos manifeste chez les personnes qui le tiennent un aveuglement ou un blocage, qui peut être expliqué de plusieurs manières :
- Soit l'individu fait preuve d'une capacité modeste à raisonner sérieusement (sans forcément qu'il y ait matière à se moquer), cas le plus rare car de telles personnes ne prennent en général pas parti dans des discussions de cet ordre,
- Soit la personne est totalement de mauvaise foi, ce qui arrive très souvent,
- Soit la personne est aveuglée par ce que lui dicte sa religion ou son éducation, et est donc incapable de remettre en cause ce qui lui est dit,
- Soit la personnes est suffisamment intelligente, de bonne foi et libre dans ses pensées, auquel cas il est logique de se demander ce qui peut à ce point l'empêcher d'analyser en profondeur son propre discours pour y voir les incohérences et les approximations. Le violent rejet de sa propre homosexualité peut, à mon avis, ainsi aveugler une intelligence. Ce n'est pas là une tentative d'intimidation de ma part, c'est une simple constatation : de nombreux homosexuels, avant de s'assumer comme tels, ont rejetés avec tous les degrés de haine toute expression de l'homosexualité. C'est également mon expérience personnelle, et je l'explique comme suit. Lorsqu'on reçoit une mauvaise image de l'homosexualité pendant sa jeunesse (souvent parce que c'est tout simplement un tabou), on apprend donc à rejeter cette "monstruosité", avant même de la ressentir. Quand de tels désirs apparaissent, on se les interdits et plus ils deviennent forts, plus on doit lutter. Or ce qu'on arrive à s'interdire à soi-même, tant bien que mal, il est impossible de l'accepter chez les autres. Il est très difficile de se priver pour respecter une règle quand les autres semblent s'en moquer.

On pourrait extrapoler sur les discours sur l'altérité en imaginant l'union sexuelle différente. En effet, si la sexualité n'avait été reproductive (et donc moralement acceptable) qu'entre personnes de même sexe, et partant alors du principe que les deux partenaires peuvent se féconder l'un l'autre à tour de rôles, alors on aurait immanquablement entendu le discours suivant : "l'hétérosexualité : c'est le mal. Dans ces couples, c'est forcément toujours la même personne qui prend et toujours la même personne qui est prise. Il y a là un déni de la réciprocité dans l'amour et ainsi une attitude perdurante de domination l'un sur l'autre, principe allant à l'encontre même de l'égalité universelle entre hommes et femmes. Etc... ". Mais c'est vrai qu'avec des "si", on met Paris en bouteille...

Il ne faut pas oublier enfin que si la femme est l'altérité de l'homme et inversement, l'homosexuel est l'altérité de l'hétérosexuel. Donc si, dans l'absolu, l'altérité est bonne, l'homosexualité peut et doit être validée comme un garde-fou aux abus hétéro-centristes. Je songe de même au célibat des prêtres, que certains semblent regretter. J'y vois au contraire un formidable intérêt : celui qui limite la portée de tout discours tendant à affirmer que le but dans la vie est de se marier et d'avoir des enfants, notamment à sa propre corporation (les prêtres). Le célibat des prêtres, j'en suis convaincu, protège ainsi les couples hétérosexuels sans enfant, les célibataires et les homosexuels de propos totalement égocentriques de quelques uns. L'autre intérêt du célibat des prêtres est qu'il oblige les prêtres à réfléchir plus en profondeur sur le sens de la vie, ce qui leur a permis de ne pas sortir les bêtises que je viens de citer. Je ne doute pas qu'on les aurait entendus sinon, lors des débats sur le PaCS. Vous l'aurez compris : je militerai donc toujours en faveur de l'altérité comme un élément essentiel à la société.

Parentalité, Adoption

Un grand nombre de gens estiment que l'idéal pour un enfant, c'est d'être entouré d'un père et d'une mère. A vrai dire, je ne sais pas si il y en a d'autres pour contester cela. Il est bien entendu qu'on exclut de cette affirmation, les parents qui abusent (sexuellement ou autrement) de leurs enfants. Disons que l'idéal pour un enfant est d'avoir un "bon" père et une "bonne" mère (ça me rappelle le sud !), plutôt que deux "bonnes" mères ou que deux "bons " pères. Ou que d'un "bon" père ou que d'une "bonne" mère. Je mets "bon" entre guillemets car il faudrait définir ce qu'on entend par bon parent, et chacun pourra en avoir une définition différente.

Il me semble inutile de parler de la parentalité biologique. Lorsqu'un homosexuel est le père biologique de son enfant (par exemple par un premier mariage avant qu'il ne découvre ou accepte son homosexualité), peu de gens songent encore, aujourd'hui à lui en interdire toute visite sous prétexte de son orientation. Si le père ne présente aucun obstacle majeur, ce serait nier le fait qu'il est bon pour un enfant d'être entouré de son père et de sa mère.

Là où le bât blesse dans le raisonnement des farouches adversaires à la parentalité homosexuelle, c'est qu'en France, les célibataires peuvent adopter. La chose est difficile, j'en conviens, mais elle n'est pas interdite. L'argument de l'idéal parental ne tombe pas pour autant, seulement personne n'a ouvert la bouche lorsqu'une telle possibilité a été offerte par la loi. L'homophobie se révèle donc bien être la véritable motivation de ceux qui s'opposent à la parentalité homosexuelle aujourd'hui.

Le bon sens indique qu'il est meilleur pour un enfant d'avoir deux parents, plutôt qu'un seul. De ce fait, si la parentalité est accessible à un célibataire, elle doit l'être également à un couple homosexuel.

La vérité est qu'il est particulièrement difficile à un célibataire d'adopter. Mais cela devient impossible, dans les faits, s'il ne cache pas son homosexualité. Il est pour moi parfaitement juste qu'il soit difficile d'adopter et que l'administration prenne toutes les garanties possibles pour donner les parents les meilleurs à des enfants orphelins donc fragilisés. Et l'administration doit effectuer les mêmes sévères contrôles avec les homosexuels qu'avec les hétérosexuels pour le bien être de l'enfant, mais l'homosexualité ne peut plus être un critère de discrimination. Les homosexuels ne sont ni fous, ni méchants, ni dangereux.

Cependant, je pense que la loi doit rester contraignante en permettant aux couples homosexuels d'adopter. Il me semble juste que le mariage offre une meilleure garantie d'engagement des conjoints l'un envers l'autre, et qu'ainsi l'enfant y sera en plus grande sécurité affective. Deux personnes s'étant engagés pleinement l'un envers l'autre peuvent être crédités d'un amour plus sûr que deux personnes qui choisissent une union plus libre. Le PaCS peut être rompu de manière unilatérale, sans avoir à formuler de raison particulière (contrairement au mariage, même si c'est de moins en moins vrai). Donc il représente un engagement, certes, mais plus limité. Ainsi, il me semble que trois possibilités s'offrent pour autoriser l'adoption aux homosexuels :
- Soit il est possible, dans le PaCS, de rédiger - puisque c'est un contrat - une clause obligeant l'accord mutuel pour la rupture, auquel cas, si les PaCSés la rédigent dans leur contrat, ils doivent pouvoir adopter, (je vais me renseigner très vite auprès d'un notaire),
- Soit la loi sur le PaCS est modifiée pour permettre cette clause plus engageante,
- Soit le mariage est ouvert aux homosexuels.

Un autre argument avancé un peu imprudemment est qu'un enfant élevé par un homosexuel risque de devenir homosexuel à son tour ! Quelle erreur : l'homosexualité ne s'attrape pas, ni par contagion, ni par persuasion, ni pas accoutumance. Or un certain nombre de personnes pensent encore qu'il faut diaboliser l'homosexualité pour que les adolescents la refoulent au plus profond et deviennent (ou demeurent ?) hétérosexuels. Plusieurs études ont montré le contraire. Les enfants de pères qui ont révélé et vécu au grand jour leur homosexualité ne sont pas plus souvent homosexuels que les enfants d'hétérosexuels. Au contraire, le pourcentage d'enfants homosexuels obtenu est légèrement plus faible lorsqu'un parent est homosexuel que lorsque les deux sont hétérosexuels (cependant cette différence n'est peut être pas significative car elle est faible).

Un dernier argument avancé est que l'enfant risque de souffrir de la moquerie de ses camarades s'il a deux pères ou deux mères au lieu d'un père et d'une mère. Cela est vrai et cela pose un problème certain. D'autant plus que l'homophobie est loin d'être éradiquée. C'est pour cela qu'à mon avis le PaCS est une étape importante. Le débat politique de 1999 a déjà permis de parler largement du sujet et d'ouvrir de nombreux esprits. Cela va continuer et peu à peu les homosexuels seront moins méconsidérés et cela se répercutera au niveau des enfants par l'intermédiaire des parents qui souvent connaîtront un ou plusieurs couples d'homosexuels. C'est pour ça que je pense qu'il faut encore un peu de temps pour le rendre possible mais que cela sera nécessairement fait. Quand tel sera le cas, les enfants souffriront certes peut-être encore de la relative marginalité de leur situation, tout comme les enfants des premiers divorcés ont souffert.

Un jour peut-être verra-t-on sur nos écrans, en réponse au film "Génial ! Mes parents divorcent", le film "Extra ! J'ai deux mamans/papas)" ?

Contre-nature

Voilà souvent le premier discours que l'on entend. C'est le plus simple, le plus vide de sens et un des plus faciles à contrer. Il ne s'agit en effet que d'une formule lancée sans réflexion profonde à son sujet. Première remarque : cette expression n'est utilisée que pour l'homosexualité, ceci permet de dire qu'on ne peut en faire une référence, une échelle de valeur séparant ce qui est acceptable de ce qui ne l'est pas. Si c'était le cas, l'homosexualité serait donc le seul comportement qui soit inacceptable... puisque c'est le seul comportement qualifié de tel. Ce n'est évidemment pas l'avis des homophobes en général : il y a pour eux souvent une multitude d'autres interdits.

Que signifie "contre-nature" ? Deux significations principales distinctes :
- Ce qui n'est pas naturel
- Ce qui s'oppose à la nature

Ceux qui pensent que l'homosexualité n'est pas naturelle et donc qu'elle est un fruit de la perversion/l'intelligence humaine se trompent. La première raison, basique, est que l'homosexualité n'est pas un caractère exclusif de l'humanité puisque elle se retrouve abondamment dans le monde animal. Lire à ce sujet Corydon d'André Gide. De plus, une partie des homosexuels a ressenti cette attirance dès le plus jeune age, avant que les désirs véritablement sexuels ne se fassent sentir, preuve que l'homosexualité ne peut être réduite à une perversion volontaire du désir (puisque le désir vient plus tard). Si l'on en croit la grande fréquence de ces désirs à l'age de l'adolescence - ce que chacun s'accorde à reconnaître - on se demande comment un fait si répandu, si partagé, puisse ne pas être naturel.

Il est à noter que ceux que l'homosexualité effraie le plus semblent craindre sa "prolifération", comme si ce désir était possible et/ou commun à chacun et que si on venait dans nos sociétés à mieux l'accepter et donc à moins le refouler, il se développerait formidablement. Ce curieux point de vue affirme non seulement que l'homosexualité est naturelle mais aussi qu'elle est en plus universelle ! Et ce ne sont pas des homosexuels affirmés (qui peuvent être soupçonnés de partialité) qui le proclament, mais des personnes qui la craignent... Une réalité est mise à nue ici : les personnes qui craignent le développement massif de l'homosexualité ont probablement une sexualité ambiguë. En effet, celles dont l'hétérosexualité est certaine ne peuvent imaginer sérieusement qu'elle disparaisse "à cause" de l'acceptation de l'homosexualité. Si leur désir était exclusivement hétérosexuel, pourquoi craindrait-il sa disparition au profit de l'homosexualité ?
L'homosexualité s'oppose-t-elle à la nature ? Bof ! Pas plus que tout acte sexuel pris sous contraception. Pas plus que la chasteté qui est bien une autre lutte contre-nature.

Il m'est arrivé une seule fois de rencontrer quelqu'un qui affirmait que l'homosexualité est contre-nature et que l'avortement ne l'est pas. Chacun jugera. Dans le même ordre d'idées, on a le droit de s'interroger sur ce qui est plus contre-nature de l'homosexualité (naturelle) ou de la contraception en général. Seuls ceux qui sont contre la contraception peuvent tenir ce genre de discours. Cela réduit évidemment le nombre d'homophobes... Je ne parle évidemment ici que des homophobes de bonne foi.

Enfin, cette formule est souvent opposée à l'homosexualité par des personnes très attachées à une morale stricte, principalement dictée par les religions. Or les religions, comme l'éducation en général, vise à apprendre à chacun les principes de la vie en société, du respect de l'autre - principes qui ne semblent effectivement pas innés - et donc à maîtriser les réflexes individuels, égoïstes, naturels, spontanés. Les religions vont jusqu'à interdire toute sexualité hors mariage ou dont la finalité est uniquement la satisfaction des sens. Ainsi peut-on parler d'un apprentissage contre-nature ! La sexualité est bel et bien un chose toute naturelle, la réfréner à tout prix mérite cette qualification. Toute éducation vise justement à contrer nos réflexes naturels (regardez donc des enfants en bas âge : ils ne font que ce qu'ils veulent et sont parfois violents envers leurs camarades), à lutter contre notre nature. Alors qu'on ne vienne pas nous dire que contrer la nature, de gré ou malgré, c'est mal...

Toutes ces considérations prouvent bien que "contre-nature" ne signifie rien et en ne permet pas de porter le moindre jugement de valeur ou d'acceptation des choses selon qu'elles apparaissent ainsi ou non, en particulier pour ceux qui inspirent leur morale d'une religion.