Ghetto

Voilà un autre reproche assez partagé par les hétéros et par quelques homos. L'horreur du ghetto, de ces gens qui vivent ensemble, qui se regroupent, on se demande pourquoi…

Est-ce vraiment un mystère ? Il est parfaitement naturel a des gens partageant une même sensibilité, et en particulier quand ils sont minoritaires (et rejetés), de vouloir - de temps en temps ou plus souvent - se balader dans un endroit qui leur est plus accueillant. Peut-on reprocher à un Chinois de se sentir bien dans le "quartier chinois" de Paris alors que c'est là où habitent tant de chinois parisiens ? Peut-on reprocher à un bourgeois de préférer évoluer dans la bourgeoisie, dans le 16ème ou à Neuilly ? Dans le Marais, à Paris, personne ne dévisage les homosexuels qui s'embrassent ou se donnent la main. On peut donc dire sans exagérer que l'existence d'un lieu de regroupement est à la fois libérateur pour les homos, mais aussi pour les homophobes ! Des ghettos, des cercles, il en existent partout et celui qui prétend vivre totalement hors milieu se prive peut-être plus qu'il ne se préserve.

Ne croyons pas non plus que le ghetto est fait toujours des mêmes personnes, qui ne vivent que dans ce milieu là. Ce qu'on appelle les ghettos, sont en réalité des lieux de rencontres de gens habitant souvent et travaillant encore plus souvent ailleurs et qui aiment leur liberté de vivre en dehors, comme leur liberté de vivre en dedans. Pas d'angélisme : il peut y avoir des excès et des frustrations dans tous les milieux, et il y en a immanquablement dans le milieu homo. Il est vrai par exemple que les filles, comme les homos dans les milieux bourgeois, ne sont pas toujours les bienvenues dans les bars gay et c'est un peu dommage.

Il faut enfin se souvenir que l'origine du mot ghetto : cela fait référence un petit quartier de Varsovie entouré de barbelés dans lequel les SS ont parqués de force des milliers de juifs avant leur acheminement vers les camps de la mort. Est-ce que les lieux de regroupement volontaire et décontracté que l'on nomme aujourd'hui ghetto ont quelque chose à voir avec cette origine historique ? Chacun est libre d'aller et venir, dans le milieu qu'il souhaite. Ce que l'on peut cependant espérer, c'est que personne ne se cantonne à un seul espace de vie et que tous cherchent un équilibre entre différents cadres. Mais il n'est pas dit que un seul milieu signifie déséquilibre, tout dépend évidemment de ce qu'on a dans la tête.

Pour illustrer le besoin de partage, et l'exclusion que peuvent ressentir les gens qui se retrouvent dans un cercle sans partager la même expérience, faites appel à vos souvenirs : qui ne s'est pas, un jour, retrouvé au milieu de jeunes parents, par exemple, qui se sont mis à ne parler que de couches-culottes et de biberons ? Même des couples sans enfants finissent pas s'y ennuyer, alors ne parlons pas des célibataires et des homos dans de telles réunions !

Ce ne doit être un reproche pour personne que d'aimer, de temps en temps évoluer avec des gens qui partagent les mêmes idées ou les mêmes goûts. Et ce ne doit être un reproche pour personne que de ne pas s'y plaire.

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